Covid : peut-on déjà parler de deuxième vague ?
Les indicateurs de surveillance du coronavirus progressent en France. S’agit-il déjà de la deuxième vague ou d’un rebond de la première ? La question divise les scientifiques.
Plus de 3.300 cas positifs au cours des dernières 24 heures, parfois plus de 4.000 par jour en début de semaine, 410 patients en réanimation et 4.600 personnes hospitalisées. Le nombre de nouveaux cas de covid et de patients pris en charge dans les hôpitaux augmente en France. Mais peut-on pour autant dire que la deuxième vague est amorcée ?
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Deuxième vague "depuis juillet"…
Pour la professeure Karine Lacombe, cheffe du service "maladies infectieuses" à l'hôpital Saint-Antoine (Paris), la deuxième vague a commencé "fin juillet ". Elle observe en effet au micro de France Inter le 24 août "une lente remontée", avec "une augmentation du nombre de cas et des personnes qui continuent d’être hospitalisées". Mais cette deuxième vague n’a pour elle "rien à voir avec la première vague que l’on a vu en mars-avril " explique-t-elle.
Ou simple "rebond" de la première vague ?
Un avis que ne partage pas le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. Le même jour sur France Info, ce médecin spécialisé en immunologie atteste : "Ce n’est pas la deuxième vague. On est toujours sur la première." Une première vague qui "s’accentue" et "reprend", "parce que l’on a perdu les mesures de distanciation sociale".
Pour lui, pas question donc de deuxième vague, mais d’un "rebond" qui concerne aujourd’hui une population plus jeune qu’au printemps et des régions épargnées "lors de la première crise du mois de mars", comme la Mayenne, la région Provence-Alpes-Côte-D’azur et la Nouvelle-Aquitaine.
"L’ensemble des indicateurs continue de progresser"
Quelle est la position du gouvernement ? Interrogé sur France Inter le 26 août, le Premier ministre Jean Castex ne prend pas de position aussi tranchée que les médecins. "Tout dépend ce que nous appelons deuxième vague" répond-il pour commencer.
Car si la deuxième vague est définie par "les mêmes indicateurs que ceux du mois de mars avril" alors "non", il n’y a pas encore de deuxième vague. Mais pour autant certains de ces indicateurs toujours sous surveillance - le taux de reproduction R0, le taux d'incidence, le taux de positivité des tests virologiques et le taux d'occupation des lits en réanimation - inquiètent les autorités.
"En France métropolitaine la dynamique de la transmission en forte croissance reste préoccupante" note ainsi la Direction générale de la santé, qui précise que "l’ensemble des indicateurs continue de progresser tandis que le nombre de tests réalisés reste constant".
"Nous ne baissons pas la garde, le virus est là" même s’il n’y a actuellement "pas de quoi s'affoler" face à la hausse des cas de contaminations en France, commente Jean Castex. "Nous ne sommes pas revenus à la situation des mois d'avril et mai (...) mais il y a quelque chose qui se passe" reconnaît-il enfin.