En Guyane, la réserve sanitaire mobilisée contre le Covid-19
Alors que la préfecture de Guyane reconfine en partie la population pour freiner l’épidémie de coronavirus. Une centaine de réservistes sanitaires sont mobilisés sur place pour soigner, dépister et informer.
Confinement total ciblé par quartier, fermeture des bars et restaurants pour éviter toute forme de rassemblement, couvre-feu durci… la préfecture de Guyane renforce les restrictions sur son territoire pour lutter contre l’épidémie galopante de coronavirus.
Le franchissement de la frontière avec le Brésil, pays très fortement touché par l'épidémie, est par ailleurs complètement interdit, a précisé la préfecture dans un communiqué diffusé le 25 juin.
A lire aussi : Coronavirus : la "dangereuse" phase de déconfinement qui inquiète l’OMS
Le nombre de cas double chaque semaine
Ces mesures répondent aux demandes de la ministre des Outre-mer Annick Girardin, en déplacement mardi 23 et mercredi 24 juin en Guyane. Ce territoire, qui compte 300.000 habitants, reste sous état d'urgence sanitaire jusqu'à la fin octobre et le pic de l'épidémie y est prévu pour "la mi-juillet".
Le 25 juin, la Guyane comptait 3.033 cas confirmés (+206 en 24 heures), 103 hospitalisations, 17 patients en réanimation et 10 décès. "On double le nombre de cas chaque semaine", a averti Annick Girardin lors de sa visite.
Evacuations sanitaires et renforts sur place
Depuis le 22 juin, six évacuations de malades du coronavirus ont déjà eu lieu de la Guyane vers la Guadeloupe et la Martinique en avion de transport militaire. Le gouvernement prévoit aussi de procéder "à des évacuations sanitaires vers l'Hexagone de cas non-Covid pour soulager les hôpitaux guyanais", a précisé la ministre des Outre-mer.
Sur place, pour freiner l'épidémie et désengorger les services hospitaliers, des renforts humains et matériels de la réserve sanitaire et de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) sont arrivés. "Depuis le début du renfort qui a débuté le débuté le 20 mai, 171 réservistes sont partis en Guyane, dont 41 partis le 25 juin" nous indique Santé publique France, qui anime la réserve sanitaire.
Infirmiers, agents de traçabilité, épidémiologistes…
Toutes les fonctions ont été mobilisées : "Référents de mission, Infirmiers diplômés d’Etat (IDE), logisticiens, agents de traçabilité - pour le dépistage Covid des populations -, médecins généralistes, médecins anesthésistes réanimateurs, épidémiologistes - pour le contact tracing -, aides-soignants, sages-femmes, manipulateurs radio, cadres de santé et techniciens de laboratoire" liste Santé publique France.
Sur place, l’urgence porte sur le "renfort de la filière réanimation sur les centres hospitaliers de Cayenne et St Laurent du Maroni ". L'hôpital de Cayenne ne dispose en effet pour l'heure que de 16 lits Covid-19 en réanimation. Les capacités de ce service devraient être augmentées avec "une deuxième tranche de 15 lits supplémentaires, puis une troisième tranche de 15 lits, lorsque nous en aurons besoin", a assuré Annick Girardin.
En parallèle, les réservistes viennent "aider au dépistage des populations, à les informer et à assurer leur suivi, ainsi qu’à renforcer les centres hospitaliers et Centres Délocalisés de Prévention et de Soins (CDPS) toutes filières confondues - maternité, imagerie, laboratoire, prélèvements…" complète encore Santé publique France.
Gagner quelques jours sur un reconfinement total
Les réservistes mobilisés partent pour deux semaines minimum. Aujourd’hui, les missions sont en place et lorsque les réservistes mobilisés rentreront en métropole, d’autres partiront pour assurer la relève.
La ministre a lancé en plus un "appel solennel aux soignants et hôpitaux" français, réclamant des "volontaires, dans la durée".
Ces renforts permettraient de "gagner quelques jours sur la décision de reconfinement", a reconnu le président de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, qui continue de réclamer le déploiement d'un "hôpital (militaire) style Mulhouse" pour accueillir les patients Covid-19. Matignon avait en effet clairement évoqué dimanche 21 juin un possible reconfinement de la Guyane. La ministre des Outre-mer avait alors émis des réserves sur un reconfinement total de la Guyane mais n'excluait pas d'y recourir si l'épidémie continue d'accélérer.