La durée du confinement pourrait dépasser deux semaines
Selon la directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne, prolonger le confinement « sera très vraisemblablement nécessaire ».
Le confinement historique auquel la France est soumise pour tenter d'enrayer l'épidémie de coronavirus devrait "très vraisemblablement" durer au-delà de deux semaines, alors que le Parlement a repris ce 19 mars ses travaux en vue d'un vote pour placer le pays en "état d'urgence sanitaire ».
La France vit son troisième jour d'un confinement ordonné par le gouvernement pour "au moins 15 jours" afin de limiter le risque de saturation de services d'urgence, alors que le nombre de malades et notamment de cas graves continuait à augmenter.
Pour la directrice générale de l'agence sanitaire Santé publique France, Geneviève Chêne, la prolongation du confinement "sera très vraisemblablement nécessaire" et il faudra attendre "entre 2 et 4 semaines" pour observer un changement dans la dynamique de l'épidémie de coronavirus.
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Une « crise sans précédent »
S'"il est trop tôt aujourd’hui pour pouvoir affirmer quoi que ce soit sur la dynamique de l’épidémie en France", si l'on se fie à l'exemple de la Chine, l'inversion de la courbe interviendrait "autour de mi-mai/fin mai", a-t-elle indiqué sur France Info.
Face à cette "crise sans précédent", dans un pays quasiment à l'arrêt, le gouvernement a autorisé le 18 mars dernier l'instauration d'un "état d'urgence sanitaire", accompagné de mesures d'urgence pour soutenir l'économie. Il sera déclaré par décret après l'adoption du projet de loi par les députés et sénateurs, en principe le 20 mars.
Les hôpitaux accueillent désormais 3.626 patients dont 931 sont en réanimation. Parmi ces cas les plus graves, la moitié sont âgés de "moins de 60 ans", a insisté le directeur général de la Santé Jérôme Salomon en annonçant la veille au soir un total de 264 décès (89 supplémentaires en 24 h).
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« Prolongation nécessaire »
"Je suis relativement favorable à ce que des mesures d'exception soient prises, ça ne va pas durer 3 ans, ça va durer quelques semaines mais il faut tenir", a renchéri sur RFI Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny (93), où le président s'est rendu la veille.
"Il ne faut pas se rassurer trop vite : il faut savoir que le coronavirus induit une immunité qui est relativement partielle avec des possibilités de récurrence plusieurs mois plus tard et donc de nouvelles vagues de Covid-19", a-t-il prévenu.
Dans les hôpitaux, outre la situation difficile dans le Grand Est, le tableau se tend également en Ile-de-France où le médecin estime qu'"il faut s'attendre à vivre à peu près la même chose dans 10 à 15 jours ».
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Adapter la logistique
Le premier transfert aérien de six malades a eu lieu de l'Alsace vers des hôpitaux militaires de Toulon et Marseille. Le déploiement d'un hôpital militaire est également programmé en Alsace.
Afin de faire totalement respecter les interdictions de sortie, les préfets ont décidé de fermer les plages de Corse et de tout l'arc méditerranéen aux promeneurs, de Nice à Agde. Des arrêtés similaires ont été pris dans d'autres régions de France, notamment dans le Morbihan et la Vendée, mais aussi en Italie.
Cent mille membres des forces de l'ordre ont été déployés, infligeant une amende forfaitaire de 135 euros en cas "violation des interdictions de se déplacer hors de son domicile". En 24 heures, 4.095 amendes ont été dressées, selon le ministre de l’Intérieur.
« Difficultés logistiques »
Le gouvernement a reconnu des "difficultés logistiques" dans la fourniture de masques, alloués "en priorité aux soignants", qui s'alarment pourtant de leur dénuement. La ministre Florence Parly a annoncé que 5 millions de masques chirurgicaux des Armées avaient été mis à disposition du ministère de la Santé.
Un total de 25 millions de masques sont en cours de livraison aux pharmacies et établissements de soins.
La question des masques
Des masques et protection que réclament d'autres professions, obligées de continuer à travailler hors de leur domicile comme les policiers, les livreurs, les éboueurs ou les professionnels du bâtiment.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a pour sa part affirmé jeudi que les policiers "ne sont pas en risque" face au covid-19 tout en reconnaissant des "dysfonctionnements", alors que des syndicats appellent au droit de retrait pour obtenir des masques de protection.
Parallèlement, une procédure d'arrêt de travail simplifiée pour les personnes considérées comme "à risque" (pathologies cardiaques ou respiratoires, femmes enceintes) a été mise en place, des mesures de soutien ont été annoncées pour les étudiants et une période de sursis accordée aux intermittents du spectacle.