Le rapatriement des Français de Wuhan a commencé
200 Français ont quitté la ville d'origine du nouveau coronavirus ce 31 janvier. Leur avion a décollé de Wuhan à l’aube.
Avec valises, sacs, et masques sur le visage, quelque 200 Français ont quitté Wuhan ce 31 janvier. Envoyé par la France, l’avion militaire qui les transporte est parti de l'épicentre de l'épidémie de coronavirus peu après 7H00 heure locale (jeudi 23H00 GMT) avec deux heures de retard.
L'appareil doit se poser 12 heures et demie plus tard à Istres (Bouches-du-Rhône), selon des membres de la délégation officielle française présente sur place. Il atterrira donc vers midi et demie, heure française.
Enfin échapper au coeur de la menace
"On est sereins", assure à l'AFP Nicolas, 30 ans, ingénieur installé à Wuhan depuis quatre ans. Son contrat allait se terminer "dans deux mois" au moment d'enregistrer ses bagages à l'aéroport.
"On était dans le flou ces derniers jours et on est contents qu'une décision ait été prise" pour l'évacuation, souligne-t-il avec le sourire, malgré une nuit blanche à l'aéroport.
Selon le dernier bilan officiel, le coronavirus a déjà contaminé environ 7.700 personnes en Chine continentale (hors Hong Kong). Il a aussi entraîné 170 morts, dont la grande majorité à Wuhan et dans les villes environnantes.
Le chemin vers le départ
Dans le froid de l'hiver local (5 degrés), des familles, des enfants en bas âge, des couples mixtes franco-chinois, mais aussi beaucoup de jeunes ont patienté en pull et anoraks dans les couloirs de l'aéroport. Certains ont célébré, canette de bière à la main, leur départ de la métropole de 11 millions d'habitants confinée depuis le 23 janvier.
Tous ont attendu leur vol dans le calme, malgré les différentes formalités: contrôle des passeports dans l'autocar sur la route de l'aéroport, enregistrement des bagages, remplissage d'un formulaire sur leur état de santé, avant un dernier examen médical.
Soulagement en demi-teinte
"C'est un sentiment partagé", déclare Adrien, 26 ans, qui travaille dans l'automobile et est installé dans la ville depuis un an et demi. "Il y a de la tristesse de quitter un pays auquel on est attaché. Et puis du soulagement aussi, car on ne sait pas comment les choses vont tourner en Chine", souligne-t-il, quelques instants avant le décollage.
Peu de Français ont souhaité répondre aux questions de l'AFP, disant craindre les répercussions éventuelles de leurs déclarations.
Une évacuation particulière
La journée a aussi été éprouvante pour certains. La circulation des véhicules est suspendue à Wuhan pour cause de quarantaine. Beaucoup de Français ont dû parcourir un long chemin à pied entre leur domicile et le consulat de France, point de rendez-vous.
Signe de l'ambiance particulière de cette évacuation, les chauffeurs des autocars qui les ont acheminés à l'aéroport étaient vêtus d'une combinaison de protection intégrale.
« Déclaration de responsabilité »
Tous les Français souhaitant être rapatriés ont dû signer une "déclaration de responsabilité" émise par le gouvernement français.
Ils s'y engagent notamment à signaler tout symptôme suspect, mais surtout à se "conformer, à l'arrivée en France, à une période de confinement strict de 14 jours, sous surveillance médicale".
Selon le ministère français de la Santé, les rapatriés seront logés dans un centre de vacances de Carry-le-Rouet, une station balnéaire au bord de la Méditerranée, à une trentaine de kilomètres de Marseille (sud-est). Un deuxième avion devrait décoller plus tard dans la semaine pour ramener d’autres Français et Européens de Wuhan.