Pourquoi la France pratique-t-elle si peu de tests de dépistage ?
L'exécutif souhaite atteindre les 500 000 tests PCR par semaine d'ici le déconfinement, alors que l’Allemagne a déjà gonflé sa capacité de tests à 700 000 par semaine.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement est très critiqué sur cette question des tests de dépistage PCR, permettant de savoir si une personne est infectée ou non par le coronavirus.
D’après les dernières annonces de l’exécutif, le dépistage s’adressera exclusivement aux personnes symptomatiques d’ici le 11 mai prochain. Mais pour le professeur Philippe Froguel, généticien dans un laboratoire de recherche à Lille et qui participe au dépistage du coronavirus, cette politique de dépistage n’est pas la bonne réponse.
Blocages administratifs
Le manque d’anticipation de cette crise et des rouages administratifs ont empêché certains acteurs de santé de participer au dépistage dès le début de l’épidémie. En raison d'une mauvaise lecture des textes législatifs par certaines agences régionales de santé, des dizaines de laboratoires privés n’ont pas été autorisés à réaliser des tests de dépistage avant début avril.
Ce regret est aussi partagé dans le monde vétérinaire. Habitués aux crises sanitaires, les laboratoires du secteur étaient eux aussi sur le pied de guerre. Mais en France, une loi interdit aux biologistes vétérinaires de traiter des prélèvements émanant d'un corps humain. Il a fallu attendre un décret publié début avril pour que ces établissements participent enfin au dépistage du coranavirus.
Une capacité matérielle limitée
La France manque cruellement de matériel de base pour réaliser ces tests, comme les écouvillons, les masques, les surblouses ou les fameux automates par exemple, qui permettent d’analyser un grand nombre d’échantillons suspects de Covid, en un temps record. Le pays réalise aujourd’hui 150 000 tests par semaine et voudrait multiplier par 3 sa capacité dans les semaines à venir.
Pour certains professionnels de santé, cet objectif est utopique. Mais pour le Professeur Bruno Lina, virologue et membre du conseil scientifique du Covid-19, ce dépistage sera possible parce que le gouvernement mise sur le confinement et aura le temps de se réapprovisionner en tests PCR, voire même en tests sérologiques, pour savoir qui est immunisé ou non contre le virus.
En juin prochain, le gouvernement espère pouvoir tester 100 000 personnes par jour contre 30 000 en moyenne aujourd’hui. Reste à savoir si cette montée en puissance sera suffisante pour contenir l’épidémie.