Contre Ebola, la mobilisation s'intensifie
Alors que le nombre de cas atteint désormais les 1.300, plusieurs pays touchés ont pris des mesures drastiques pour enrayer la propagation du virus Ebola. L'Organisation mondiale de la santé a annoncé un plan de 100 millions de dollars pour combattre l'épidémie.
Les victimes du virus Ebola continuent de se multiplier en Afrique de l'Ouest. Ces quatre derniers jours, 57 personnes ont succombé à la fièvre hémorragique, portant le bilan à 729 morts selon les derniers chiffres de l'OMS. L'épidémie concerne principalement la Guinée, où elle s'est déclarée en février dernier, mais aussi la Sierra Leone, le Libéria et le Nigeria qui a enregistré son premier décès lié au virus cette semaine.
100 millions de dollars et des travailleurs humanitaires plus nombreux
Face à l'épidémie, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Margaret Chan et les présidents des pays d'Afrique de L'Ouest affectés par l'épidémie se réunissent en sommet aujourd'hui à Conakry (Guinée) pour lancer un plan de lutte de 100 millions de dollars (75 millions d'euros) contre la maladie.
"Plus de travailleurs humanitaires sont requis d'urgence", estime l'OMS alors que des centaines sont déjà sur le terrain. L'organisation insiste sur la nécessité pressante d'avoir plus de médecins, d'infirmières, d'épidémiologistes, de logisticiens et de gestionnaires de données.
Le plan de lutte souligne également la nécessité de "renforcer les systèmes de préparation dans les pays voisins et les capacités mondiales". Les 100 millions de dollars doivent également permettre d'accroître la prévention, la détection et le signalement des cas suspects, ainsi que de mieux surveiller les risques aux frontières et de mieux protéger les soignants.
Libéria et Sierra Leone : des mesures draconiennes
Après sept mois d'épidémie, la Sierra Leone et le Libéria ont adopté des décisions sévères pour enrayer la maladie. La présidente libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, a ordonné mercredi soir la fermeture de toutes les écoles tandis que son homologue sierra-léonais, Ernest Bai Korom, a décrété jeudi l'état d'urgence.
Dans un discours télévisé, Mme Sirleaf a également annoncé la fermeture de "tous les marchés dans les zones frontalières" avec ses trois voisins, ainsi que des mesures de quarantaine visant certaines localités, "dont l'accès serait limité aux personnels des services de santé".
La présidente libérienne a également décidé un congé obligatoire de trente jours pour "tout le personnel non essentiel" du secteur public et que vendredi serait "un jour chômé pour permettre la désinfection des bâtiments publics".
Évoquant pour sa part "un défi exceptionnel", le chef de l'état sierra-léonais a énuméré une batterie de dispositions, dont le placement en quarantaine des foyers d'Ebola, l'escorte des travailleurs sanitaires par les forces de sécurité et des perquisitions pour repérer les malades présumés.
Des voisins en alerte
Épargnée par le virus, la Côte d'Ivoire, voisine du Libéria et de la Guinée s'est mise en alerte dès l'apparition du virus en mars dernier.
Avec son voisin, le Burkina Faso, le pays s'est engagé hier à renforcer la surveillance épidémiologique et le contrôle sanitaire aux frontières des deux pays où le flux migratoire est immense. Les voyageurs des pays déjà touchés par le virus seront, par exemple, systématiquement recensés.
Des pays d'Afrique centrale et orientale ont eux aussi pris des précautions. La RDC a annoncé de nouvelles mesures sanitaires. Le Kenya et l'Ethiopie, qui abritent deux des plus importantes plates-formes aéroportuaires d'Afrique, ont également affirmé avoir renforcé leur dispositif. L'Ouganda, touché ces dernières années par Ebola, a assuré être en alerte, la Tanzanie se prévalant de "mesures de précautions".
À l'autre bout du monde, la Thaïlande, le Japon et l'Australie ont également fait état de mesures préventives.
Risque de propagation ?
Ebola pourrait-il se propager hors d'Afrique ? Pas franchement, à en croire le professeur belge Peter Piot, co-découvreur du virus en 1976. "Je ne serais pas inquiet dans le métro assis à côté d'une personne porteuse du virus Ebola tant qu'elle ne me vomit pas dessus ou quelque chose de ce genre", a-t-il dit à l'Agence France Presse.
Le scientifique rappelle que les pays africains touchés par le virus sortent de décennies de guerre civile : "Le Libéria et la Sierra Leone tentent maintenant de se reconstruire donc il y a un manque total de confiance envers les autorités et, combiné à la pauvreté et aux services de santé médiocres, cela donne, je pense, la cause de cette grande épidémie à laquelle nous assistons".
Jeudi soir, la France, l'Allemagne et les Etats-Unis ont déconseillé à leurs ressortissants de voyager dans les pays touchés par l'épidémie. "Sauf raison impérative", précise le quai d'Orsay.
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- Ebola : un responsable de la lutte contaminé par le virus, article du 24 juillet 2014
- Ebola : le virus présent en Guinée est issu d'une nouvelle souche, article du 18 avril 2014
- Ebola : une épidémie hors de contrôle ? article du 24 juin 2014
- Ebola : le cri d'alarme de l'OMS, article du 26 juin 2014
- Ebola : l'épidémie s'intensifie en Afrique de l'Ouest, article du 15 juillet 2014
Les Seychelles annulent un match de football contre le Sierra Leone
Les joueurs sierra léonais étaient déjà dans l'avion quand le gouvernement seychellois a fait annuler un match de football prévu samedi à Victoria entre les Seychelles et la Sierra Leone. Selon le ministre des Sports, le gouvernement seychellois a pris cette décision par "précaution" afin de prévenir l'entrée dans le pays du virus Ebola.
"Nous venons d'informer la Confédération africaine de football, et nous sommes en train de mettre en place un dossier pour expliquer qu'il s'agit d'un cas de force majeure", et que cette décision n'émane pas de la Fédération de football des Seychelles (SFF), a indiqué Elvis Chetty, président de la fédération.