Pénurie annoncée d'un anti-venin indispensable

L'association Médecins sans frontières (MSF) sonne l'alarme : les stocks de FAV-Afrique, traitement anti-venin produit jusqu'en 2014 par le laboratoire français Sanofi Pasteur, seront périmés d'ici neuf mois. Or, la technologie n' a toujours pas été transférée à un autre laboratoire.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Pénurie annoncée d'un anti-venin indispensable
Le sérum FAV-AFRIQUE (DR)
Le sérum FAV-AFRIQUE (DR)

"Des dizaines de milliers de personnes continueront de mourir de morsures de serpent, à moins que la communauté mondiale de la santé ne prenne des mesures immédiates pour assurer la production d'un traitement et d’un sérum antivenimeux", prévient MSF dans un communiqué diffusé en marge d'un colloque sur la médecine tropicale, qui se tient actuellement à Bâle (Suisse).

L'association rappelle que Sanofi a cessé en 2014 la production de FAV-Afrique, le seul sérum antivenimeux "certifié sûr et efficace" . Or, les stocks seront périmés d'ici à juin 2016, et "aucun produit de remplacement ne sera disponible pendant au moins deux ans" (délai de production du sérum).

MSF espère que le laboratoire Sanofi "va mettre à disposition les substances de base nécessaires à la production du FAV-Afrique" et trouvera "une capacité de production pour affiner ce produit en anti-venin qui pourra à terme, remplacer FAV-Afrique".

Le laboratoire a pour sa part indiqué qu'il avait pris la décision de stopper la production de son anti-venin en 2010 en raison des prix affichés par des produits concurrents fabriqués en Asie, en Amérique latine et en Afrique et sur lesquels "Sanofi Pasteur ne pouvait s'aligner". Selon son porte-parole, Alain Bernal, le laboratoire préfère se concentrer sur la production d'un antirabique pour lequel "la demande est croissante et planifiable" ; il "regrette" d'avoir dû arrêter la production du FAV-Afrique et précise qu'il "sensibilise depuis plusieurs années les autorités internationales de santé" sur ce problème.

"Cette situation - que l'on peut considérer comme une défaillance de marché - démontre clairement comment la pression sur les prix conduit à faire des choix au détriment de la durabilité et de la fiabilité de l'approvisionnement - et, potentiellement, de la qualité, avec un impact sur la santé publique" conclut M. Bernal.

Des besoins très importants   

Selon des estimations citées par MSF, quelque 100.000 personnes décèdent chaque année à la suite de morsures de serpent dont 30.000 en Afrique sub-saharienne.

Les morsures se produisent principalement dans les zones rurales où les personnes mordues renoncent à se faire soigner en raison du coût élevé du traitement (250 à 500 dollars par personne) ou se tournent vers les guérisseurs traditionnels, note encore MSF qui invite l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à jouer "un rôle de premier plan" pour améliorer l'accès des populations aux traitements anti-venin.