Zika : deux vaccins efficaces sur les souris
Selon des travaux publiés dans la revue Nature, deux vaccins expérimentaux auraient permis de protéger "complètement" des souris de l'infection par le virus Zika. Des essais cliniques doivent désormais être programmés pour évaluer l’efficacité de ces vaccins sur l’homme.
L’expérience, décrite dans la revue Nature, été réalisée avec deux types de vaccins : un vaccin synthétique à base d'ADN, et un vaccin classique contenant une forme inactivée et purifiée du virus. Les chercheurs expliquent avoir donné aux souris une "protection complète" contre une souche de virus Zika du nord-est du Brésil ou de Porto Rico.
Pour évaluer l'efficacité de la vaccination, ils ont inoculé le virus aux rongeurs vaccinés, constatant bientôt que ces derniers étaient efficacement protégés. La durée de l'immunité acquise grâce à ces vaccinations expérimentales sur le long terme reste néanmoins à évaluer.
C'est "une étape dans le développement d'un vaccin", estime le professeur Dan Barouch, responsable de cette étude, qui montre " l'efficacité protectrice" de l'un ou l'autre des deux vaccins testés avec une seule injection. Selon lui, il s’agit de la première démonstration d'une protection contre le virus Zika "obtenue avec un vaccin" sur l'animal.
Plusieurs scientifiques ont toutefois averti que, même si ces résultats étaient confirmés, de nombreuses années de recherches seront probablement nécessaires avant de pouvoir disposer d'un vaccin commercialisé.
Des essais cliniques avant la fin de l’année
Des essais devraient commencer dès cette année avec les deux types de vaccins utilisés dans l'étude, ainsi qu'avec d'autres vaccins, selon Dan Barouch.
"Il va falloir faire des tests sur des singes et surtout sur des animaux en gestation pour prouver que ces vaccinations protègent contre la menace majeure de Zika, la microcéphalie, car l'objectif est surtout de protéger le fœtus", a expliqué à l'AFP Étienne Simon-Lorière de l'Institut Pasteur à Paris.
Il faudra également vérifier si les anticorps induits par les deux types de vaccin ne favorisent pas le développement de maladies liées à la même famille de virus, comme la dengue, avec une gravité accrue.
Un autre vaccin a déjà montré récemment sa capacité à stimuler la formation d'anticorps contre le virus, celui de la société américaine Inovio Pharmaceuticals, qui développe un vaccin synthétique ADN avec une société sud-coréenne, GenOne Life Sciences. Inovio a affirmé le 20 juin avoir reçu l'autorisation de lancer prochainement un premier test sur 40 volontaires sains.
Inovio s'est toutefois borné à indiquer que son produit avait généré de "fortes réponses" immunitaires chez l'animal. Mais la société n'est pas allée jusqu'à affirmer avoir démontré son efficacité protectrice, comme dans l'étude parue dans Nature. Le vaccin testé dans cette dernière étude est produit par l'Institut Walter Reed de l'armée américaine, qui prévoit de commencer des tests humains "avant la fin de l'année".
Il n'existe à ce jour encore aucun vaccin synthétique ADN commercialisé. D'où l'idée pour aller plus vite de s'inspirer pour Zika du principe du vaccin classique comme il en existe déjà sur le marché (par exemple le vaccin injectable pour la polio).
Selon une autre étude publiée mardi dans Nature Communications, les sujets infectés une fois par le virus Zika sont en revanche immunisés contre une ré-infection par ce même virus, même si l'on ignore si cette protection durera toute la vie.
En revanche, la grossesse prolongerait considérablement la persistance du virus dans l'organisme, selon des chercheurs de l'Université de Wisconsin-Madison (États-Unis) dont les travaux portent sur des singes.
Il n'existe actuellement aucun vaccin, ni traitement pour guérir de l'infection Zika, transmise par le moustique.
60 laboratoires et agences nationales de recherche travaillent sur des vaccins, indiquait en avril l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont 18 vaccins visant les femmes en âge de procréer.
Le virus Zika, bénin chez la plupart des gens, est tenu pour responsable de complications neurologiques et surtout de graves anomalies du développement cérébral (microcéphalies) chez des bébés nés de mères infectées.
L'épidémie qui sévit au Brésil a déjà touché 1,5 million de personnes et plus de 1.600 bébés sont nés avec une malformation crânienne.