La ''corpulence idéale'' n'est jamais la nôtre...
Selon vous, parmi les silhouettes présentées en illustration de cet article, laquelle correspond le mieux à "la forme idéale d'un homme et d'une femme" ? Cette question, posée à près de 20.000 citoyens de 13 pays, conduit à des résultats très variables en fonction de la nationalité et du sexe des personnes interrogées. Toutefois, "l'écart entre corps désirable et corps réel" est généralement très important, selon une analyse réalisée mi-octobre 2013 par des chercheurs de l'Institut national d'études démographiques (Ined).
A l'occasion d'une enquête sociologique réalisée en 2007 dans 13 nations (1), près de 20.000 hommes et femmes ont accepté de désigner, parmi une série de silhouettes masculines et féminines, celles dont la corpulence se rapprochait le plus de "l'idéal".
L'analyse spécifique de ces données vient d'être réalisée par deux chercheurs de l'Ined. Les auteurs constatent, de façon générale, que "l'écart entre corps désirable et corps réel est important dans nombre de pays". Toutefois, selon la nationalité des personnes interrogées, les représentations idéales divergent très fortement.
Des "idéaux" féminins corrélés à la corpulence réelle des citoyennes
Dans la grande majorité des cas, plus la corpulence moyenne des femmes est élevée, dans un pays donné, plus les silhouettes "corpulentes" y sont jugées désirables. En Corée du Sud, où l'indice de masse corporelle (IMC) moyen est, pour les hommes comme pour les femmes, l'un des plus bas de tous les pays développés, 80% des personnes interrogées ont jugé les silhouettes minces et très minces désirables. Les Néo-Zélandais, qui présentent l'IMC le plus élevé des 13 pays étudiés, préfèrent majoritairement les profils (féminins, mais aussi masculins) corpulents et très corpulents.
Toutefois, les femmes philippines se distinguent de ce tableau général : les habitants, particulièrement sveltes - voire maigres (deuxième IMC moyen le plus bas pour les femmes, le premier pour les hommes, parmi les 13 nations participantes) - jugent en grand nombre les rondeurs enviables.
L'extrême minceur ne séduit pas beaucoup
L'état d'Israël compte probablement le plus grand nombre d'insatisfaites, l'IMC féminin standard étant dans la moyenne haute du tableau, alors que près de 70% des femmes idéalisent la minceur et la maigreur. Les femmes bulgares, slovaques, mexicaines et autrichiennes souffrent également - même si c'est dans une moindre mesure - de l'écart manifeste entre leur corpulence réelle et celle qu'elles idéalisent.
Les chercheurs de l'Ined observent néanmoins que, dans l'ensemble des treize nations étudiées, l'extrême minceur rebute - parfois plus, d'ailleurs, que la forte corpulence. "En fonction des canons [actuels et mondialisés] de la mode, on aurait pu penser que la silhouette la plus filiforme aurait beaucoup de succès ; il n'en est rien". Les profils féminins sveltes restent néanmoins préférés dans neuf des treize nations.
Les Irlandais préfèrent les rondes (et les ronds)
Dans quatre pays, les femmes "corpulentes" sont majoritairement désignées comme correspondant à l'idéal physique. Il s'agit de l'Uruguay, de la République dominicaine, de la Nouvelle-Zélande et de l'Irlande. Pour cette dernière nations, 54% des citoyens préfèrent les femmes "corpulentes" (56% les hommes corpulents). En outre, les profils "très corpulents" féminins et masculins y ont respectivement remportés 8% et 7% des suffrages. A noter que l'IMC moyen des Irlandais et des Irlandaises correspond à la moyenne des IMC des autres nations.
Les chercheurs de l'Ined observent que le diktat de la minceur n'affecte pas également hommes et femmes selon les différents pays. Si, comme on l'a dit, l'idéal de la femme mince est courant dans une majorité de nations, les démographes notent que "l'homme idéal est un peu plus empâté que la femme idéale".
En Irlande ou en Corée du Sud, les profils féminins idéaux sont similaires aux canons masculins (respectivement, la corpulence et la minceur). Mais dans des pays comme la France et l'Uruguay, la société n'attend pas la même chose des deux sexes.
Dans l'hexagone, 62% des personnes interrogées idéalisent les hommes "corpulents" (45%, les femmes "corpulentes"). La situation est inverse en Uruguay où 62% apprécient la minceur masculine, contre 37% la minceur féminine.
Quand l'idéal ne suffit pas...
Les chercheurs de l'Ined observent toutefois des limites à l'analyse de ce seul élément de sondage. Si l'IMC moyen des Françaises est l'un des plus faibles de l'étude, et si les Françaises ne semblent idéaliser la minceur que de façon modérée, ils relèvent que "six Françaises sur dix déclarent vouloir perdre du poids."
"Atteindre l'idéal" ne serait donc pas suffisant pour certaines de nos concitoyennes...
(1) Il s'agit du Programme international d'enquêtes sociales (International Social Survey Program, ou ISSP), qui réalise annuellement des campagnes d'études sociologiques à l'échelle de dix à vingt nations.
Pour en savoir plus
Sur Allodocteurs.fr :
Sur le site de l'Ined :
- Les normes de minceur : une comparaison internationale, de Delphine Robineau, Thibaut de Saint Pol (pdf)