Les prothèses auditives ralentiraient le déclin cognitif

Une déficience auditive peut favoriser l'isolement. La perte de stimulation sociale et intellectuelle pourrait-elle accélérer le déclin cognitif des personnes âgées ? C’est ce que suggère une étude menée par des chercheurs bordelais, selon laquelle l'évolution des capacités cognitives est analogue chez les personnes qui utilisent un appareillage pour compenser les pertes d'audition et celles sans troubles auditifs. La dégradation cognitive serait plus rapide chez les individus qui ne corrigent pas ces problèmes. Un facteur sociologique n'est toutefois pas à exclure.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Les prothèses auditives ralentiraient le déclin cognitif

Les chercheurs bordelais ont suivi près de 4.000 personnes pendant 25 ans [1]. Lors du recrutement, 137 présentaient des troubles graves de l'audition, 1.139 des troubles modérés, et 2.394 n'avaient pas de problèmes spécifiques.

Selon l'analyse des chercheurs, la presbyacousie (perte d'audition liée à l'âge, qui concerne 30% des plus de 65 ans et 70% des plus de 70 ans) majorerait significativement le déclin mental – tout particulièrement la mémoire. En revanche, ce ne semble pas être le cas chez les porteurs de prothèses auditives (150 participants) dont le déclin ne diffère pas du groupe de personnes qui ne se plaignent pas de perte d'audition.

"Ce constat reste valide même si l'on prend en compte les paramètres d'âge, de sexe et d'éducation des participants", précisent les chercheurs.

Toutefois, il faut observer que les conditions socio-économiques qui pourraient freiner le recours à un appareillage auditif pourraient elles-mêmes jouer un rôle dans les résultats obtenus.

De précédentes études avaient déjà suggéré l'implication des troubles auditifs dans la dépression, les activités sociales, les actes courants de la vie quotidienne et la diminution de diverses facultés intellectuelles.

Le Dr Amieva, qui a coordonné les travaux français, met en garde contre des interprétations hâtives de ces recherches. Certes, "les personnes qui ont un déclin de la mémoire qui s'accélère sont plus à risque d'Alzheimer". Pour autant, "[rien ne prouve] qu'appareiller les gens permet de prévenir [cette] maladie". Elle juge "contestable et non fondé" d’affirmer que le risque de démence serait directement lié à la perte d'audition.

 

Source : Self-Reported Hearing Loss, Hearing Aids, and Cognitive Decline in Elderly Adults: A 25-Year Study. H. Amieva et al. Journal of the American Geriatrics Society, 20 oct. 2015. doi:10.1111/jgs.13649


[1] Les participants proviennent d'une grande étude épidémiologique, dite "Paquid", lancée à la fin des années 80, portant sur le retentissement du vieillissement  (Alzheimer, dépendance...), et régulièrement soumis à un test "MMSE", communément utilisé en gérontologie, pour évaluer les fonctions intellectuelles (mémoire, calcul, attention, langage...) et leur déclin.

Les troubles auditifs contribuent à réduire les stimulations sensorielles, et peuvent également avoir des conséquences sur le plan social et fonctionnel (isolement, repli sur soi, symptômes dépressifs...).