Une exposition met en lumière les similitudes de squelettes entre espèces
Au musée de la préhistoire à Nemours, des photographies en noir et blanc retracent l'évolution des espèces d'une manière ludique.
Un singe, un bœuf musqué ou un renard… Existe-t-il des points communs entre ces vertébrés ? Grâce à des photographies de squelettes d’animaux actuels, une exposition permet de répondre par la positive à cette interrogation. Exposées au musée de la préhistoire de Nemours, en Seine-et-Marne, ces images racontent une histoire vieille de plusieurs millions d’années.
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"Tous les êtres vivants ont un ancêtre commun. Les vertébrés en ont un qui vivait il y a peut-être 600 millions d’années qu’on ne connaît pas encore complètement et qui ressemblait sans doute à un tout petit poisson", explique Jean-Baptiste de Panafieu, auteur scientifique.
Des mammifères attirés par l'eau
D’un tout petit poisson à un grand cétacé, les squelettes de ces vertébrés qui peuplent aujourd’hui la terre ont gardé sur eux les traces de leur évolution. "Après la disparition des dinosaures et des reptiles marins, beaucoup de milieux sont devenus disponibles pour les mammifères et certains d’entre eux, qui étaient tous quadrupèdes et terrestres à l’époque, se sont dirigés vers le milieu marin" narre l’auteur.
Cela a par exemple été le cas de l’orque. "De forme extérieure, l’orque ressemble vaguement à un poisson. On sait que ce n’est pas un poisson mais un mammifère et quand on regarde la structure, on apprend plein de choses intéressantes. Il a des nageoires à l’avant et on se rend compte que sa nageoire, la palette natatoire de l’orque, c’est un bras. On retrouve l’omoplate, l’humérus, le radius, le cubitus et les os de la main" montre l’auteur sur l'une des images exposées.
Cette observation permet d’ailleurs de trouver des similitudes entre le squelette du cheval et celui de l’Homme. Des ressemblances troublantes entre les espèces que Charles Darwin avait déjà remarqué au 19e siècle. En 1859, le naturaliste anglais publie L’origine des espèces. Pour lui, tout être qui varie d’une manière profitable au cours du temps aura de meilleure chance de survie. C’est la sélection naturelle et sexuelle qui permet aux animaux d’évoluer. Chez les gorilles, par exemple, leur dentition montre la puissance de l’individu mâle. "Les crocs n’ont pas pour fonction de se défendre contre les prédateurs ou de manger d’autres animaux puisque le gorille est herbivore. Ils vont servir à montrer la puissance du mâle par rapport aux autres mâles. Il va les exhiber, s’en servir éventuellement pour mordre. Quant à la femelle, elle va être impressionnée par la puissance du mâle. C’est un élément de séduction et de combat", explique Jean-Baptiste de Panafieu.
Quand la biologie confirme l'anatomie comparée
L’anatomie comparée des animaux est étudiée depuis le 19è siècle. Au fil des décennies, de nouvelles innovations sont venues valider les intuitions des scientifiques. "La théorie de Darwin a été complétée par des découvertes notamment dans le domaine de l’ADN. On a pu maintenant comparer les animaux par leur ADN et pas seulement par leur squelette ou leur anatomie et les résultats de cette comparaison. Le résultat est très semblable de ce qu’on pouvait observer avec les squelettes. Autrement dit, on a eu une confirmation éclatante par la biologie moléculaire de l’anatomie comparée", précise l’auteur scientifique.
L’homme, en plus d’être lui-même soumis à cette évolution, joue un rôle important dans la transformation et la survie de certaines espèces. Une histoire, qui restera à jamais gravée dans leur os. L’exposition du musée de la préhistoire de Nemours pourra être visitée jusqu’au 29 septembre, tous les jours à l'exception du mercredi et du samedi matin.