BPCO : l'Assurance-maladie renforce le suivi à domicile
Un malade sur deux hospitalisé pour une BPCO retourne à l'hôpital dans les six mois suivant sa sortie. Pour faire chuter le nombre de réhospitalisations, l'Assurance-maladie prévoit de renforcer le suivi à domicile. Le PRogramme d'Accompagnement au retour à DOmicile (PRADO) est d'ores et déjà en place en maternité, orthopédie et cardiologie.
Toux gênante, insuffisance respiratoire, œdème ou troubles cardiaques : les symptômes de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) peuvent s'aggraver au fur et à mesure qu'évolue la maladie. Des manifestations parfois graves, qui peuvent nécessiter une hospitalisation. Seulement, à la sortie de l'hôpital, bon nombre de patients peinent à consulter leur pneumologue ou leur médecin traitant. 71% d'entre eux ne se rendent pas chez leur pneumologue dans les trois mois suivant la sortie de l'hôpital. En conséquence, près de la moitié (1) réintègrent l'hôpital six mois après en être sortis.
Partant de ce constat, l'Assurance-maladie a décidé d'expérimenter sur plus de 3.000 patients le dispositif PRADO Si le nom évoque un célèbre musée madrilène, il s'agit en réalité d'un programme d'accompagnement des malades à domicile. Selon l'Assurance-maladie, le PRADO permet d'"améliorer la prise en charge des patients et d'éviter les réhospitalisations", en "renforçant" les soins à domicile. Dans les faits, une fois rentré de l'hôpital, le patient pourra bénéficier de la visite d'un infirmier, d'un kinésithérapeute ou encore de son médecin traitant, chez lui, sans avoir à se déplacer en cabinet.
Déjà expérimenté en maternité, orthopédie et cardiologie
Testé pour la première fois en 2010, le PRADO s'étend depuis aux sorties d'accouchements, de chirurgies orthopédiques et d'hospitalisation suite à une insuffisance cardiaque. Si l'objectif avancé par l'Assurance-maladie est de favoriser "une prise en charge optimale des patients", le PRADO permet en réalité de dégager rapidement des lits d'hôpitaux. Au delà de la santé des patients, le but est donc de faire des économies. Les patients souffrant de BPCO et participant à ce dispositif devront-ils rester moins longtemps que les autres à l'hôpital ? L'Assurance-maladie ne le précise pas. Mais si on en croit l'expérience du PRADO pour la maternité, l'objectif était bel et bien de réduire la durée d'hospitalisation.
En 2012, l'élargissement du programme pour les jeunes mamans avait provoqué de vives interrogations de la part de certains médecins, qui regrettaient que la prise en charge à domicile se limite uniquement aux visites d'une sage-femme et non de médecins. Le PRADO proposé aux patients hospitalisés pour une BPCO impose lui aussi un forfait de consultations strict à respecter. A en croire le communiqué de l'Assurance-maladie, publié le 4 mai, il n'est par exemple pas prévu qu'un pneumologue se déplace à domicile.
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(1) 43% selon les données recueillies par l'Assurance Maladie sur plus de 50.000 personnes
La BPCO, "l'inconnue meurtrière"
La BPCO touche 8% des Français, mais deux tiers des malades s'ignorent. Cette pathologie chronique tue chaque année 17.000 personnes en France. Longtemps surnommée "l'inconnue meurtrière", la BPCO constituera en en 2020 la troisième cause de mortalité en France et dans le monde.