Pourquoi les bronchodilatateurs sont inefficaces chez les fumeurs avec des symptômes respiratoires
Une étude dénonce le manque d'efficacité des bronchodilateurs chez les patients qui présentent des symptômes respiratoires, non liés à une BPCO.
Les bronchodilatateurs
sont des médicaments souvent prescrits aux patients fumeurs ou anciens fumeurs avec des symptômes respiratoires, mais sans broncho-pneumopathie obstructive, la BPCO. Ils sont soit inhalés soit en comprimés.
Cette maladie est
caractérisée par une obstruction des bronches, raison pour laquelle les
bronchodilatateurs sont très utiles. Ils dilatent les bronches et améliorent
les symptômes. Pourtant, une étude publiée dans le New England Journal of Medicine montre que ces médicaments seraient inefficaces chez les patients anciens fumeurs ou fumeurs, qui présentent des symptômes respiratoires sans souffrir de BPCO.
Aussi efficace que le placebo
L'essai clinique porte sur 535 participants âgés de 40 à 80 ans. Tous présentaient des symptômes respiratoires, tels qu'une toux, un essoufflement ou une respiration sifflante mais sans BPCO.
Un premier groupe a pris un traitement bronchodilatateur associant 2 molécules, indacaterol et glycopyrrolate, 2 fois par jour pendant 12 semaines. L'autre groupe a reçu un placebo en inhalation. Pour évaluer leurs symptômes, tous les participants ont du répondre à un questionnaire.
Conclusion : les chercheurs ont observé une amélioration dans les 2 groupes. 56% des patients traités voyaient leurs symptômes s'améliorer, contre 59% chez les patients ayant reçu un placebo.
Des résultats déjà connus
"On le savait déjà mais c'est bien d'avoir une étude pour le confirmer", s'exclame le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l'association Santé respiratoire France. "Les patients n'ont pas attendu pour nous le dire, ils ne poursuivent pas les traitements s'ils ne ressentent pas de bénéfices sur leurs symptômes".
Selon les auteurs de l'étude, il est nécessaire de consulter un pneumologue dès lors que l'on présente des symptômes respiratoires récurrents. Il prescrira un examen, la spirométrie, qui évalue le fonctionnement des poumons. Il permet de déterminer le diagnostic et de prescrire à bon escient un traitement de fond.
Vers un changement de prise en charge ?
Si le Dr Frédéric Le Guillou estime que 12 semaines est une durée trop courte pour ce type d'étude, il insiste sur un point fondamental : "Ces résultats impliquent un changement dans la prise en charge des patients. On était sur le 'tout médicament' et on va aller vers une médecine de prévention, en arrêtant le tabagisme, en pratiquant une activité physique régulière et en perdant du poids. C'est un changement de comportements et de mode de vie, qui peut améliorer les symptômes respiratoires".
Les auteurs de l'étude estiment également que d'autres traitements doivent être mis en place notamment les médicaments qui ciblent la production de mucus, puisque la toux et la production de mucus sont fréquents chez les patients.