Incendies en Amazonie : les habitants sont devenus des "fumeurs passifs"
Les habitants de Porto Velho souffrent des fumées agressives qui s’échappent de la forêt en flammes et l’hôpital enregistre une hausse des consultations pour troubles respiratoires, fièvres et pneumonie.
Les incendies de la forêt amazonienne ont des répercussions sur les poumons des habitants. Depuis des semaines, les habitants de Porto Velho, capitale de l'Etat amazonien de Rondônia au Brésil, vivent plongés dans le brouillard : ce sont les fumées qui s'échappent de la vaste forêt en flammes. Et les conséquences de ces émanations sur la santé commencent à se faire sentir.
"On est tous des fumeurs passifs"
Ainsi, à l'hôpital pour enfants Cosme e Damião, plusieurs familles attendent de voir un médecin. Dans cette ville d'un demi-million d'habitants, les pathologies vont de la toux sèche aux irritations oculaires, en passant par des troubles respiratoires ou des fièvres pouvant dégénérer en pneumonie.
"C'est quelque chose qui arrive (régulièrement) en cette période de saison sèche. On est tous, en quelque sorte, des fumeurs passifs. Mais cela affecte davantage certaines personnes que d'autres, notamment celles qui ont déjà des problèmes" respiratoires, explique à l’AFP Sergio Pereira, le directeur de cet établissement qui a vu sa fréquentation augmenter. "On reçoit généralement 240 patients par jour. A présent, on en reçoit plutôt 280" note-t-il.
Une fumée très agressive
Dans un coin de la salle d'attente de cet hôpital, la fille de quatre ans de Maiza Dantas est arrivée lundi 26 août avec les "voies respiratoires obstruées". Pendant que sa fille reçoit une perfusion, Maiza explique : "Il y a un an et demi, elle a eu une pneumonie. Depuis, il y a des moments où elle ne se sent pas bien, mais jamais comme aujourd'hui, avec de la toux et de la fièvre".
Comme le rappelle Sergio Pereira, "la fumée peut être très agressive » et « les plus affectés sont les enfants et les personnes âgées".
"Dans les poumons de tous"
Dans cette ville située au bord du rio Madeira, le principal affluent du fleuve Amazone, les résidents des maisons de retraite souffrent aussi. Dans l'une d'elles, quatre personnes âgées ont dû être soignées pour des problèmes respiratoires. Les autorités sanitaires de l'Etat de Rondônia n'ont pas répondu dans l'immédiat à la demande de l'AFP pour obtenir des chiffres globaux sur la hausse du nombre d'admissions.
A Porto Velho, des centaines de personnes ont manifesté le 25 août dans la ville contre le président brésilien Jair Bolsonaro, à qui beaucoup attribuent la responsabilité de ces incendies, à cause de ses politiques favorables à l'exploitation des ressources naturelles dans les aires protégées, notamment en Amazonie. "L'oxygène produit ici va dans les poumons de tous", proclamait une des pancartes.
Situé dans le nord-ouest du Brésil, à la frontière de la Bolivie, l'Etat de Rondônia est, avec quelque 6.500 feux depuis janvier, le cinquième le plus touché par les incendies de forêt. Au total, près de 80.000 feux de forêt ont été répertoriés au Brésil depuis le début de l'année dont plus de la moitié en Amazonie.