Trouble de la personnalité borderline : le retard au diagnostic est-il fréquent ?
Le retard au diagnostic est-il fréquent chez les patients borderlines ?
Les réponses avec le Pr Bernard Granger, psychiatre et psychothérapeute, et avec Pierre Nantas, psychothérapeute spécialiste du trouble borderline :
"Oui, le retard au diagnostic est fréquent parce que les psychiatres et les psychothérapeutes ne sont pas formés ou très peu formés à ce trouble. Ce trouble est difficile à prendre en charge, ce sont des patients difficiles, bruyants au sens où ils viennent, ils ne viennent pas, un jour ils vous aiment, un jour ils ne vous aiment pas… Pour les soignants, cela est très difficile. Ce n'est pas étonnant que les patients passent de psychiatre en psychiatre, de psy en psy avant que le diagnostic de trouble de la personnalité borderline soit posé. Maintenant beaucoup de personnes font aussi des auto-diagnostics. Ce n'est pas parce que l'on répond à un questionnaire sur Internet que l'on est automatiquement borderline. Mais la situation s'arrange petit à petit. Il existe maintenant des centres."
"En région parisienne, il y a seulement trois centres alors que le trouble de la personnalité borderline est une pathologie fréquente. Et une fois que le diagnostic est fait, cela apporte un soulagement parce que les patients ont souvent l'impression d'être les seuls atteints de ce trouble. Ils s'aperçoivent que c'est quelque chose qui est connue, que l'on sait diagnostiquer, que l'on sait traiter, qu'il y a des équipes spécialisées dans la prise en charge de ces patients, des équipes ou des psychothérapeutes individuels parce que la psychothérapie individuelle est l'élément clé du traitement. Et souvent les psychiatres n'osent pas parler de trouble de la personnalité borderline. Ils savent, ils ont fait le diagnostic eux-mêmes mais ils n'osent pas le dire pour diverses raisons. Alors que c'est une bonne chose de le dire parce que cela soulage l'entourage, le patient et cela permet d'amorcer un traitement."