Trouble de la personnalité borderline : quels traitements ?
Y a-t-il des traitements ? Lesquels ? Y a-t-il un traitement efficace connu ? Peut-on guérir ? Le traitement est-il à vie ?
Les réponses avec le Pr Bernard Granger, psychiatre et psychothérapeute, et avec Pierre Nantas, psychothérapeute spécialiste du trouble borderline :
"La psychothérapie est le premier traitement du trouble de la personnalité borderline. Quand on est borderline, les médicaments peuvent aider mais ce n'est pas la panacée. Ils peuvent permettre de passer des caps difficiles. Le traitement psychothérapeutique est le traitement qu'il faut aux patients, avec un psychiatre ou un psychothérapeute qui connaît le traitement. Un borderline peut guérir. On restera toujours avec beaucoup d'émotions, on ne va pas transformer des borderlines en robots, ils resteront toujours émotifs mais ils géreront bien leurs émotions et au contraire ils deviennent des personnes particulièrement agréables qui réussissent dans de nombreux domaines, notamment dans les métiers artistiques ou les métiers de la communication ou du social. La "cure" avec des borderlines qui se prennent en charge, qui sont socialisés, dure au maximum deux ans, deux ans et demi."
"La place des médicaments est réelle mais elle n'est pas essentielle. Il n'y a pas de médicament du trouble borderline mais dans les moments de profonde dépression, il faut aider le patient. Les régulateurs de l'humeur atténuent parfois cette fluctuation très pénible pour les patients. D'un moment à l'autre, ils sont très joyeux et très tristes. Il y a aussi les anxiolytiques, toutes les classes de psychotropes peuvent être utiles à un moment ou un autre. Mais le point fondamental c'est la psychothérapie et à partir du moment où la personne entretient une relation avec un thérapeute qui s'inscrit dans la durée, les tentatives de suicide diminuent. C'est le marchepied vers l'amélioration. Les patients borderlines sont difficiles à prendre en charge parce qu'ils sont impulsifs, ils voient tout en blanc ou tout en noir et donc il faut avoir soi-même une bonne connaissance de la maladie et leur offrir ce qu'on appelle une relation correctrice, c'est-à-dire ne pas reproduire soi-même ce qu'ils vivent avec les autres, c'est-à-dire supporter qu'ils soient en colère, d'être strict mais d'être en même temps souple… C'est tout un art. Et une fois que le lien est établi, on s'est que cela va aller mieux."