Suspicion d’intoxication alimentaire : 5 morts dans un EHPAD
22 résidents de l’Ehpad « La Chêneraie » à Lherm, près de Toulouse, ont été touchés par une probable intoxication alimentaire. Cinq personnes âgées sont décédées. Les explications d'un gériatre.
Seize résidents avaient aussi été hospitalisés dans la nuit, a indiqué l'Agence régionale de santé (ARS). Tous "auraient été victimes d’une intoxication alimentaire dans la soirée du 31 mars après le dîner", selon la préfecture. Le personnel de santé a également été pris en charge. Le parquet de Toulouse a ouvert une enquête pour "homicides involontaires et blessures involontaires", selon la même source proche de l'enquête. Les investigations doivent notamment déterminer si les repas étaient préparés en interne ou apportés de l'extérieur.
Dr Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP) a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Les autorités sanitaires parlent encore au conditionnel, comment être sûr qu’il s’agit bien d’une intoxication alimentaire ?
Dr Christophe Trivalle, gériatre : "La chronologie nous donne une indication. Dans ce cas, le problème survient après l’heure du repas, dans un délai très court. Plus de 20 personnes ont été malades, toutes en même temps. Les gastro-entérites virales donnent le même genre de symptômes, des diarrhées, des nausées et des vomissements mais c’est un patient, puis un deuxième puis un troisième, cela s’échelonne sur une durée beaucoup plus longue alors que là c’est brutalement plein de personnes en même temps qui sont malades."
- Les personnes âgées sont-elles plus sensibles aux intoxications alimentaires ?
Dr Christophe Trivalle : "Ce genre d’intoxication peut survenir dans toute collectivité, à l’école, à la cantine, au travail, à l’armée… Mais en maison de retraite, les personnes âgées sont souvent très âgées, poly-pathologiques et donc elles vont décompenser leurs maladies. Si elles ont beaucoup de diarrhées, beaucoup de vomissements, elles vont se déshydrater très vite, et le risque c’est un choc hypovolémique (NDLR : diminution du retour sanguin veineux vers le cœur)."
- Le mode de préparation des repas, sur place ou livrés et réchauffés change-t-il quelque chose pour la sécurité alimentaire ?
Dr Christophe Trivalle : "Il y a beaucoup de règles qui ne sont pas toujours simples à respecter. Parfois les repas que l’on sert ne sont pas très goûteux justement parce que l’on a respecté toutes ces règles. La façon de transporter les repas est fondamentale aussi, parfois la chaîne du froid peut être rompue et donc c’est le risque. Même si les plats sont fabriqués sur place, s’ils sont stockés longtemps avant d’être consommés, cela peut entraîner le développement de certaines bactéries."
- Certains résidents sont morts quelques heures seulement après le repas. Est-ce que cet élément peut faire penser à une bactérie en particulier ?
Dr Christophe Trivalle : "Généralement, lorsque le délai entre l’ingestion et les premiers symptômes est très court, moins de 6 heures, c’est plutôt des bactéries de type staphylocoque aureus (NDLR : staphylocoque doré). Si c’est plus long, c’est plutôt des salmonelles. Ce sont des germes qui secrètent des toxines. Au moment où on les ingère, elles provoquent des vomissements puis certaines bactéries développent des toxines au niveau du tube digestif."