Covid-19 : on vous explique les gestes de réanimation
Les services de réanimation sont passés sur le devant de la scène avec l'épidémie de coronavirus. En quoi consiste la prise en charge ? Quand utilise-t-on un respirateur ou une position sur le ventre ?
A l'heure actuelle, on estime que 4,5% des patients infectés par le coronavirus se retrouvent hospitalisés en réanimation. "Leur séjour a une durée moyenne de 2 à 3 semaines, environ 17 jours", indique le Dr Charles Cerf, réanimateur.
La ventilation non invasive...
Lorsqu'un patient arrive en réanimation, différentes prises en charges sont possibles en fonction de ses atteintes. Si sa respiration est problématique, une ventilation peut être mise en place.
Elle est dite non invasive quand elle fait appel à un masque pour insuffler de l'oxygène au patient : le masque fait l'interface entre un ventilateur et son nez. "L'insuffisance respiratoire peut nécessité de forts débits d'oxygénothérapie (NDLR : apport d'oxygène). Comme les poumons sont malades, ils n'arrivent plus à oxygéner suffisamment le sang. Un débit très élevé d'oxygène est parfois nécessaire."
...ou invasive
La ventilation est dite invasive quand elle fait appel à une sonde introduite dans la trachée par la bouche : c'est ce que l'on appelle une intubation. "Quand le patient n'est plus capable de respirer seul car il est épuisé, on le met sous assistance respiratoire. C'est une respiration artificielle qui nécessite une mise sous anesthésie générale pour faire l'intubation. Un ventilateur est branché à la sonde et de l'oxygène est admistré directement dans les poumons. On fait des réglages de la machine pour améliorer le fonctionnement respiratoire", continue le Dr Cerf. Dans certains cas, la sonde peut être introduite directement dans la trachée, juste au-dessus du sternum, par une incision faite dans la peau : c'est une trachéotomie.
Le coma artificiel, quelque fois nécessaire en réanimation
La sédation prolongée (ou coma artificiel) s'impose pour plusieurs raisons lors de la ventilation invasive. "C'est pour le confort du patient, détaille le réanimateur. Ca permet au patient de mieux supporter la machine mais surtout ça diminue les besoins en oxygène. On maintient l'anesthésie générale tant que l'état respiratoire le nécessite, pour pouvoir assurer la ventilation artificielle au mieux."
Le patient mis sur le ventre en cas d'atteinte sévère
Quand l'atteinte pulmonaire est très sévère, le patient peut être mis sur le ventre. "Quand il y a un syndrome de détresse respiratoire aiguë, un des moyens d'améliorer l'oxygénation du sang est de mettre le patient sur le ventre. Certaines zones du poumon, qui peuvent être mal ventilées sur le dos, sont réouvertes. Ca diminue aussi l'agression de la machine. Ces séances de décubitus ventral durent au moins 16 heures par jour et il faut 6 personnes pour retourner le patient... C'est une des difficultés de la prise en charge."
La particularité de la réanimation est en effet le nombre d'infirmiers par patient, plus élevé que dans d'autres services, en raison de la lourdeur des soins. "En ce moment, on essaie de maintenir une infirmière pour deux malades, confirme le Dr Charles Cerf. Normalement, on compte plutôt deux infirmières pour cinq malades."
La dialyse, en cas de défaillance rénale
Lorsque les reins défaillent, une dialyse est mise en place pour suppléer le fonctionnement rénal. "30% des malades infectés par le coronavirus développent une insuffisance rénale aigue, qui nécessite une dialyse, constate le Dr Cerf. On comprend mal le mécanisme mais c'est un fait. ll y aurait probablement une origine vasculaire mais c'est multifactoriel."
Des atteintes cardiaques sont également constatées dans le covid-19 et nécessitent également certains traitement médicamenteux.
De plus, le patient est hydraté et il est nourri par nutrition entérale. On introduit une sonde dans le nez, que l'on passe jusque dans l'estomac, et des aliments liquides sont passés par cette sonde. Une autre technique, la nutrition parentérale, est possible. "S'il y a un problème digestif, la nutrition se fait par les veines", conclut le réanimateur.
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