Emphysème pulmonaire : une maladie respiratoire mal connue
Souvent lié au tabac et très handicapant, l'emphysème est une maladie pulmonaire peu connue du grand public qui touche pourtant entre 1,8 et 2 millions de personnes en France. L'emphysème est une maladie des alvéoles pulmonaires qui détruit progressivement les poumons.
Qu'est-ce que l'emphysème pulmonaire ?
Les alvéoles pulmonaires sont les petits sacs chargés de stocker l'air véhiculé ensuite par les capillaires sanguins. Elles ont une paroi élastique qui les aide à capter l'oxygène nécessaire à notre respiration.
Dans l'emphysème, les alvéoles perdent leur élasticité. Résultat : elles reçoivent l'air mais n'arrivent plus à le rejeter. L'air est emprisonné. Les échanges entre l'air et le sang ne se font plus. Autre conséquence : l'air qui n'est plus expulsé entraîne l'abaissement permanent du diaphragme.
Le diaphragme sépare la cavité thoracique de la cavité abdominale et permet l'entrée de l'air en se contractant, c'est l'inspiration. Quand le diaphragme se relâche, c'est normalement l'expiration. Mais en cas d'emphysème, comme l'air reste dans les poumons, il les alourdit. Il pèse sur le diaphragme qui n'arrive plus à remonter. Bilan : un diaphragme qui ne fonctionne pas, des alvéoles pulmonaires détruites, le malade n'arrive plus à respirer normalement. Dès qu'il fait un effort, c'est l'essoufflement.
Mais d'où vient l'emphysème pulmonaire ? De nombreuses questions subsistent autour de son origine mais on sait qu'il y a une part de génétique. Plusieurs membres d'une même famille peuvent être atteints d'une maladie génétique provoquant une perte d'élasticité du poumon. Un déficit en alpha-1 antitrypsine par exemple est un facteur favorisant.
La cause principale de l'emphysème pulmonaire est le tabac comme dans de nombreuses maladies pulmonaires. C'est notamment le cas pour la bronchite chronique, la BPCO qui est souvent associée à l'emphysème. Alors que ce dernier est une maladie anatomique, les poumons sont détruits, la BPCO est plus fonctionnelle : l'obstruction des bronches altère la respiration.
Dans ces deux pathologies, les premiers symptômes sont un essoufflement, une sensation d'oppression dans la poitrine et une fatigue chronique, altérant la qualité de vie. Ces signes peuvent longtemps passer inaperçus, c'est ce qui fait que l'emphysème est peu connu car il se voit peu.
Vivre avec un emphysème pulmonaire
En cas d'emphysème pulmonaire, avec la limitation des capacités respiratoires, la qualité de vie du patient est dégradée... À tel point que l'emphysème peut parfois conduire à l'isolement.
Dès l'apparition des premiers symptômes, essoufflement, douleurs dans le thorax, il existe un certain nombre de médicaments par inhalation, qui permettent de lever en partie l'obstruction des bronches : ce sont les bronchodilatateurs. L'arrêt total du tabac est impératif.
Il y a aussi la réhabilitation respiratoire qui est un réentraînement à l'effort pour éviter que le patient ne perde aussi ses capacités musculaires et cardiaques à force de ne plus rien faire.
Emphysème pulmonaire : quand la chirurgie s'impose
Dans les cas d'emphysème sévère, si les traitements de première intention ne parviennent pas à soulager les symptômes, il faut alors recourir à l'opération.
Pendant longtemps, la seule option des médecins était la transplantation pulmonaire. Mais on connaît le peu de greffons et les risques liés à la greffe. Les médecins ont alors opté pour une réduction chirurgicale des zones emphysémateuses (le chirurgien découpe les zones les plus atteintes pour permettre aux zones moins atteintes de fonctionner). Mais les taux de morbidité et de mortalité élevés les ont poussé à réfléchir à une autre méthode. Et notamment à de nouveaux traitements moins invasifs visant à réduire l'emphysème par les voies naturelles, les bronches.
Ainsi il y a eu la mise en place de valves unidirectionnelles bloquant les bronches et modifiant le flux d'air ou encore l'utilisation de colle ou de vapeur pour faire se rétracter certaines zones du poumon.
Traiter l'emphysème à l'aide de spirales
Un protocole lancé en 2010 par le CHU de Reims a introduit une nouvelle méthode : la pose de spirales pour réduire le volume des poumons. Avec le CHU de Reims, neuf autres centres ont testé ce traitement. Sont ensuite comparés les résultats dans le temps avec des patients ayant reçu un traitement classique. Cette technique, appelée "réduction volumique par spirales" a montré des résultats[1] intéressants, parus dans la revue JAMA en février 2016. L'efficacité était démontrée et cliniquement significative à 6 et à 12 mois, après le traitement bilatéral. Les résultats montraient une amélioration de la fonction respiratoire et des capacités respiratoires lors de l'exercice (toutefois, le "test de marches à 6 minutes" n'était pas amélioré de façon significative). La qualité de vie était également améliorée. Toutefois et d'après le pneumologe en charge de l'étude, les résultats sont très variables d'un patient à l'autre : "certains patients sont améliorés de façon spectaculaire alors que d’autres patients ont un bénéfice faible voire nul", confiait le Dr Arnaud Deslée à Medscape, dans un article daté du 19 septembre 2016. Il y avait peu d'effets indésirables, hormis une augmentation de la fréquence des pneumonies (infection observée également après une chirurgie classique de l'emphysème). Tous les patients seront suivis sur 5 ans, dans le cadre d'une étude d'extension, pour évaluer les résultats à plus long terme.
[1] Lung volume coil treatment vs usual care in patients with severe emphysema. The REVOLENS Randomized Clinical. Deslée et all. Trial. JAMA. 12-01-2016. doi:10.1001/jama.2015.17821