Qu’est-ce que l’échinococcose, qui s’attrape en cueillant des fruits en forêt ?

Également surnommée "la maladie du renard", l’échinococcose peut être transmise à l’homme en mangeant des fruits, des baies ou des champignons infectés par un parasite.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
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Que faire en cas d'intoxication alimentaire ?
Que faire en cas d'intoxication alimentaire ?  —  Allo Docteurs - Newen Digital

Difficile de résister à la tentation de savourer des fruits ou des baies cueillies lors d’une promenade dans les bois. Pourtant, repensez-y à deux fois avant de vous lancer dans une dégustation sauvage lors de votre prochaine session de cueillette en forêt. Car certains fruits des bois ou champignons peuvent être contaminés par les œufs d’un ver parasite qui, une fois ingérés, entraînent le développement de l’échinococcose humaine, ou "maladie du renard". Voici de quoi il s’agit.

L’échinococcose, c’est quoi ?

L’échinococcose est "une maladie parasitaire provoquée par des ténias du genre Echinococcus", indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces ténias sont des vers parasitaires présents dans l’intestin d’animaux sauvages ou non, en particulier les renards, mais aussi les chats ou les chiens. Ils sont transmis de l’animal à l’humain via "l’ingestion d’œufs de parasites présents dans des aliments, de l’eau ou des sols contaminés, ou après un contact direct avec des animaux hôtes", ajoute l’autorité sanitaire.  

Une fois dans l’intestin de son animal hôte, le ténia va pondre des œufs, qui vont ensuite se retrouver dans la nature grâce aux déjections dudit animal. Il arrive que les oeufs entrent en contact avec des fruits des bois, des baies ou des champignons, qui sont alors infectés. En les dégustant, ou simplement en portant sa main à la bouche après les avoir cueillis, les œufs finissent dans nos propres intestins.  

"Les œufs ingérés donnent naissance à une larve d'échinococcoque (métacestode) qui se développe au niveau du foie ou des poumons des hôtes intermédiaires", explique le ministère de l’Agriculture. "Seuls les oeufs sont infestant pour l'Homme ; il ne peut pas y avoir de contamination interhumaine", rassure le ministère. 

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Quels sont les symptômes de l’échinococcose ?

Après avoir infecté le foie ou les poumons, les œufs éclosent et des ténias de quelques millimètres se développent et se reproduisent. Après quelques années, ils peuvent atteindre un nombre de plusieurs milliers et parasiter dangereusement les organes touchés. "Les symptômes révélateurs de la maladie peuvent être une augmentation du volume du foie (hépatomégalie), parfois considérable, des douleurs abdominales ou une jaunisse (ictère)", souligne le ministère de l’Agriculture. 

"La plupart des contaminations n’aboutissent pas au développement de la maladie", rassure l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), "mais si c’est le cas, elle détruit le foie et peut se propager à d’autres organes". Dans certains cas, en particulier pour les personnes immunodéprimées, l’échinococcose peut s’avérer mortelle si elle n’est pas traitée. "Les médicaments disponibles ne font que bloquer le développement du parasite, sans pouvoir l’éliminer", précise par ailleurs l’Anses. 

Quel est le diagnostic de l’échinococcose ?

En France, l’échinococcose est une maladie "rare mais grave au moment du diagnostic", dixit le ministère de l’Agriculture. "Elle représente environ 30 cas par an et est caractérisée par une très grande latence clinique." À plus large échelle, l’OMS estime à plus d'un million le nombre de personnes touchées par l'échinococcose à tout moment dans le monde. 

La contamination parasitaire évolue très lentement dans l’organisme. Le ministère de l’Agriculture note que "la maladie reste asymptomatique pendant une période allant jusqu'à 10 à 15 ans". Environ deux tiers des cas connus d’échinococcose sont diagnostiqués fortuitement, lors d'examens d'imagerie (échographie, scanner, IRM) réalisées dans le cadre d’autres soins. 

Comment traiter l’échinococcose ?

"Souvent coûteuse et compliquée à traiter", l’échinococcose "peut nécessiter une intervention chirurgicale lourde et/ou un traitement médicamenteux prolongé", signale l’OMS. La prise de médicaments anti-parasitaires permet néanmoins de freiner les symptômes de la maladie. "Un traitement par Albendazole au long cours, médicament parasitostatique à même « d’endormir » le parasite, permet dans la large majorité des cas de stabiliser la lésion parasitaire", abonde en ce sens la Société française d’hépatologie (AFEF).

"Chaque patient reçoit des conseils adaptés à sa propre situation car la complexité de la maladie impose une personnalisation de la prise en charge", poursuit l’AFEF. "Très exceptionnellement, en situation d’impasse thérapeutique, une transplantation hépatique peut être proposée."

Comment prévenir l’échinococcose ?

S’il existe quelques gestes simples à adopter pour limiter le risque de contamination à l’échinococcose, rappelez-vous tout d’abord que les oeufs des ténias du genre Echinococcus sont tués par la chaleur : ne mangez jamais des plantes, des champignons, des fruits ou des baies crus. Cuisez-les ou faites-en des confitures, plutôt que de les congeler ! 

Si vous souhaitez tout de même savourer votre cueillette du jour, lavez systématiquement les fruits et les légumes à l’eau claire avant de les consommer. De même, "lavez-vous les mains après avoir touché la terre, manipulé ou caressé un animal et avant de passer à table", conseille le ministère de la Santé. "D'une manière générale, évitez de porter les mains à la bouche surtout lorsqu'elles sont sales." Enfin, les propriétaires de chiens ou chats sont appelés à les vermifuger très régulièrement s’il y a un risque qu’ils consomment des rongeurs.