Affaire Grégory : qu’est-ce que l’ADN de parentèle ?
La justice autorise des expertises d’ADN de parentèle dans l’affaire Grégory Villemin. Cette technique s’appuie sur les ressemblances entre deux ADN issus d’une même famille. Elle a déjà permis de résoudre plusieurs affaires. Explications.
Cette technique sera-t-elle celle du dénouement de l’affaire Grégory, l'un des dossiers criminels français les plus énigmatiques ? Le 27 janvier 2021, la justice a donné son feu vert pour de nouvelles expertises ADN dans l'affaire Grégory Villemin, notamment l’ADN de parentèle.
Car dans ce dossier ouvert il y a plus de 36 ans, "il y a encore des profils ADN à exploiter (…) pour découvrir la vérité" a assuré l'avocat des parents de Grégory, Me François Saint-Pierre. Mais en quoi consiste cette technique ?
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Relier deux ADN d’une même famille
Les recherches d’"ADN de parentèle", que s’apprêtent à lancer les experts, consistent à comparer un ADN à ceux du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).
Les traces d’ADN prélevées dans le cadre de cette affaire ne correspondent à aucun ADN connu de ce fichier. Mais elles peuvent ressembler à l’un d’entre eux. Cette méthode permettra de relier l’ADN suspect aux ADN issus de la même parenté et figurant potentiellement dans le FNAEG.
L’exemple de l’affaire Élodie Kulik
La méthode "parentèle" a permis de résoudre ces dernières années plusieurs affaires, notamment le dossier Élodie Kulik, violée et assassinée en 2002. L’ADN retrouvé sur la scène de crime ne correspondait à aucun profil référencé au Fnaeg et à aucun prélèvement effectué sur plusieurs suspects. Mais dans le Fnaeg figurait un homme, dont le profil ADN était génétiquement proche de celui du meurtrier : il s’agissait de son père, déjà fiché car lui-même en prison.
Dans l’affaire Grégory, cette méthode sera utilisée pour tenter de trouver des correspondances "familiales" à neuf traces d’ADN prélevées sur des courriers anonymes, sur une seringue et sur les vêtements de l'enfant.
Plusieurs mois d’analyse
En parallèle, la justice a également accepté le prélèvement d'ADN de 37 personnes plus ou moins proches de Grégory pour les comparer avec différents profils génétiques, selon Me Saint-Pierre.
Les précédentes expertises génétiques diligentées dans ce dossier n'avaient rien donné. Mais les parents de Grégory, retrouvé mort à l’âge de quatre ans, en 1984, dans les eaux de La Vologne, misent toujours sur les progrès de la science pour élucider cette affaire. Les résultats de toutes ces analyses génétiques devraient toutefois prendre plusieurs mois, selon leurs avocats.