Le neveu de Vincent Lambert dénonce une "décision obscène"
La Cour d’appel de Paris, saisie par les parents de Vincent Lambert, a ordonné le 20 mai au soir la reprise des traitements le maintenant en vie. Son neveu et son ancien médecin sont sous le choc de la nouvelle.
Ils s’étaient préparés, enfin, à l’accompagner vers la mort. Après 6 ans d'une bataille judiciaire particulièrement âpre. La décision de la cour d’appel de Paris, saisie par les parents, de suspendre une nouvelle fois l’arrêt des soins prodigués à Vincent Lambert, plonge ses proches – partisans du "non acharnement thérapeutique" - dans un mélange de fatigue, de douleur et de grande lassitude. Son neveu, François Lambert, joint par allodocteurs.fr, est sonné par cet incroyable revirement de situation. "J’ai l’impression de revivre la situation de 2013 [lors du premier arrêt des soins, repris 31 jours après, sur décision de justice, ndlr] . Je suis dans le même état de fatigue. J’ai l’impression de revivre la même chose tout le temps", souffle-il visiblement affecté. Pour lui, cette décision "obscène" relève du "sadisme pur et dur". "C’est du sadisme de "débrancher" quelqu’un et de le "rebrancher". De le "débrancher" et le "rebrancher". De regarder ses proches l’accompagner pour leur dire ensuite que trois juges à Paris qui n’y connaissent rien ont décidé que Vincent allait rester en vie."
François Lambert ne compte cependant pas baisser les bras, même si les suites judicaires de l’affaire sont des plus incertaines. "J’espère qu’il y aura un pourvoi en cassation du côté de l’Etat et du CHU. De notre côté, nous allons peut-être aussi essayer des procédures, mais à ce stade je ne peux pas en dire plus. Je dois en discuter avec mon avocat."
Un "appel à la dignité" de la part de sa femme Rachel
L’épouse de Vincent Lambert, Rachel, qui ne s'est pas exprimée, avait quant à elle lancé hier, avant la nouvelle, un "appel à la dignité". "Le moment est à la dignité, à l'accompagnement, c'est le temps de l'accompagnement et de l'amour", estimait-elle, en reconnaissant que "chacun peut avoir son opinion et ses propres convictions" mais que " voir partir Vincent, c'est le voir en homme libre", tout en réclamant qu'on laisse ses proches "en paix dans l'intimité et la dignité".
Hier, lundi 20 mai, son avocat a annoncé qu'il allait porter plainte, suite à la diffusion sur le site de "Valeurs actuelles" d'une vidéo filmée au chevet de Vincent Lambert, dans laquelle sa mère s'adresse à lui et lui demande de ne "pas pleurer". "Des agissements inqualifiables", selon lui.
Une "violence" pour l’ancien médecin de Vincent Lambert
La décision de reprise des soins affecte aussi fortement le Dr Eric Kariger, Ancien Chef de Service au CHU de Reims et ancien médecin de Vincent Lambert. Le médecin paliatologue, qui revenait il y a quelques jours sur l’ "affaire Lambert" pour allodocteurs.fr, a écrit un communiqué de presse dans lequel il dit mesurer "la violence subie par les membres de la famille, respectueux des expertises médicales et juridiques antérieures, par le Docteur Vincent SANCHEZ et son équipe suite à ce temps judiciaire supplémentaire imposé" et "l’incompréhension et le sentiment de gâchis qui peuvent être les leurs".
"Le temps médical n’est pas le temps judiciaire ; la patience reste le meilleur allié du droit dans ce contexte d’acharnement d’une des parties à défendre des convictions bien éloignées de celles de Monsieur Vincent Lambert", ajoute-il, assurant de "son soutien confraternel et fraternel à tous ceux qui accompagnent son ancien patient et sa famille pour que les droits de Monsieur Vincent Lambert soient enfin entendus."