Prostitution : des médecins appellent à pénaliser les clients
Dans une tribune publiée le 29 mars dans le Journal du Dimanche, quinze médecins alertent sur la situation sanitaire des prostitués. Ils encouragent les politiques à pénaliser les clients, tout en protégeant les travailleurs du sexe, pour faire disparaître le proxénétisme et la traite d'êtres humains.
Une quinzaine de médecins dont le fondateur du SAMU social Xavier Emmanuelli et le généticien Axel Kahn appellent "à dépénaliser les personnes prostituées et pénaliser les acheteurs de sexe", dans une tribune publiée le 29 mars par le Journal du Dimanche. "La prostitution est d'abord un nombre incalculable et quotidien de pénétrations vaginales, anales, buccales non désirées. La violence est inhérente à l'activité prostitutionnelle", écrivent ces médecins à la veille de l'examen au Sénat d'une proposition de loi sur la prostitution. En Europe, une grande part des prostitués a été victime de viol au cours des douze derniers mois.
"En matière de prostitution, le monde de la santé ne peut pas se contenter d'une approche de "réduction des risques". La prostitution est en soi une atteinte grave à la santé physique et psychologique qu'il faut faire reculer tout en protégeant ses victimes", estiment-ils. Les prostitués ont un taux de mortalité six fois plus élevé que le reste de la population.
Contre la répression des prostitués
Pour ces raisons les signataires de cette tribune appellent à "renforcer la lutte contre le proxénétisme", "supprimer les mesures répressives à l'encontre des personnes prostituées" comme le racolage, pénalisé depuis 2003 par Nicolas Sarkozy, à l'époque ministre de l'Intérieur. Les médecins souhaitent aussi "interdire l'achat d'un acte sexuel qui permet d'imposer un acte sexuel par la contrainte financière", pour éviter par exemple, qu'un client paye plus cher pour ne pas avoir à porter de préservatif.
Sanctionner les prostitués ou leurs clients ? Le débat démarre ce lundi 30 mars au Sénat, où sera examinée la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la prostitution, dans une version fortement remaniée par rapport au texte initial adopté en décembre 2013 à l'Assemblée, qui proposait à l'époque de dépénaliser le racolage.
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