Mort de Maxime Walter : le médecin jugé en appel
Ce 18 mai à Strasbourg s'est ouvert le procès en appel du Dr Raphaël Moog. Ce chirurgien viscéral a été condamné l'an dernier pour homicide involontaire suite au décès, en 2008, du jeune Maxime Walter.
Le dimanche 21 septembre 2008, Maxime Walter, âgé de 15 ans fait une chute de vélo. Son abdomen heurte violemment le guidon. Pris en charge aux Urgences du CHU de Strasbourg vers 11h du matin, l'adolescent se plaint de fortes douleurs au ventre. Une échographie et un scanner confirment un éclatement de la rate de grade 4 sur une échelle de 5.
Le Dr Raphaël Moog, chirurgien d'astreinte ce jour-là, est prévenu à son domicile par l'interne de garde. Par téléphone, il opte pour un traitement qui consiste à transfuser le patient.
Malgré les dizaines de litres de sang injectés à l'adolescent, son état ne fait qu'empirer. Il est placé en réanimation. Seules les infirmiers sont présents. Aucun chirurgien ni médecin ne prendra contact avec les parents durant cette journée. Le Dr Moog n'arrive à l'hôpital qu'en toute fin d'après-midi, près de sept heures après l'admission de l’hôpital.
Selon maître Coubris, avocat de la famille Walter, le Dr Moog "ne va pas toucher [Maxime], ne va pas l’examiner, ne va pas ouvrir son dossier médical, et va décider de poursuivre cette technique du traitement non opératoire absolument absurde qui allait amener inévitablement le décès de Maxime".
Les organes de Maxime vont lâcher les uns après les autres. En désespoir de cause, et près de 24 heures après l'accident, le Dr Moog s'est finalement décidé à pratiquer l’ablation de la rate. Mais il est déjà trop tard. Maxime ne reprendra jamais connaissance. Il décède deux jours plus tard.
Des expertises accablantes
Les conclusions des experts médicaux cités lors du premier procès sont accablantes pour le chirurgien : "Le Dr Moog a commis une faute qui a été directement responsable du décès du jeune MW. La non-réalisation de splénectomie, ce qui veut dire l’ablation de la rate, a entrainé de façon directe et constante l’évolution fatale du jeune [Maxime]".
En d'autres termes, en s'entêtant et en refusant d'opérer Maxime malgré tous les résultats d’examens, le Dr Moog a privé l’adolescent de toute chance de survie.
Le chirurgien a été déclaré coupable par le Tribunal correctionnel et condamné à 12 mois de prison avec sursis. Mais le parquet, qui avait demandé une interdiction d'exercer la médecine, a fait appel de cette décision.
Le médecin travaille toujours aujourd'hui aux hôpitaux universitaires de Strasbourg, selon son avocat, Bernard Alexandre.
Le Dr Moog "estime qu'il y a eu un certain nombre de dysfonctionnements dans cette affaire qui ne relevaient pas de sa mission", a déclaré maître Alexandre à l'AFP. "Tout en étant conscient que le décès du jeune Maxime Walter est une tragédie, il veut faire valoir que ce n'est pas sa responsabilité qui est en cause".