La sédation avant opération est-elle nécessaire ?

Pour calmer le patient en vue d'une opération chirurgicale, un tranquillisant est prescrit avant l'anesthésie. Mais cette sédation n'aurait finalement que peu d'intérêts pour le patient et l'équipe médicale. Selon une étude française, elle n'améliorerait pas la qualité de l'hospitalisation et ralentirait même le temps de récupération.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec le Pr Denis Safran, anesthésiste-réanimateur
Entretien avec le Pr Denis Safran, anesthésiste-réanimateur

Avant chaque entrée au bloc, le patient se voit très souvent administrer un sédatif. Ce cachet a pour objectif de le détendre et de le calmer en vue d'une anesthésie générale, qui peut s'avérer anxiogène pour certains malades. Pourtant, la sédation préalable par benzodiazépines (tranquillisants) n'améliorerait pas réellement le vécu du patient. Elle serait même contre-productive selon une équipe de recherche française qui publie ses résultats le 3 mars dans la revue JAMA.

Le groupe de recherche s'est penché sur 1.062 patients, opérés dans cinq hôpitaux du Sud de la France (Marseille, Nîmes, Nice et Montpellier). La cohorte a été divisée en trois groupes : l'un recevait le sédatif avant l'anesthésie (2,5mg de lorazépam), le deuxième un placebo et le dernier rien. Après l'opération, chaque patient était invité à noter personnellement (de 0 à 100) l'expérience hospitalière ressentie. Trois critères étaient évalués : la douleur, la qualité des soins apportés et la récupération post-opératoire. Etonnamment, les scores sont les mêmes, avec ou sans tranquillisants, la satisfaction variant de 71 à 73. Les chercheurs concluent donc que la sédation préalable n'a pas de réelle influence sur le ressenti des patients.

Les tranquillisants freinent le temps de récupération

Les effets du lorazépam seraient même plutôt négatifs quand on se penche sur le temps de récupération post-opératoire. Le délai entre la fin de l'anesthésie et l'extubation est allongé de 5 min chez les personnes sous anxiolytiques. Elles sont d'ailleurs moins nombreuses à récupérer leurs fonctions cognitives 40 min après l'opération : 51%, contre 64% des patients qui n'ont rien pris.

Ces recherches vont dans le sens des recommandations officielles visant à limiter la consommation générale de benzodiazépines. Les tranquillisants sont connus pour engendrer des effets secondaires gênants : somnolences, troubles de la concentration et de la mémoire, troubles cognitifs, confusions, dépressions. Comme le rappelle la revue Prescrire dans son numéro de mars, leur prescription doit être limitée à une courte période.

Source : Effect of Sedative Premedication on Patient Experience After General Anesthesia. A Randomized Clinical Trial. A. Maurice-Szamburski et al. JAMA, mars 2015. doi:10.1001/jama.2015.1108

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