Chirurgie cardiovasculaire : des stents fabriqués à la main
Les stents sont des petits ressorts en métal placés dans les artères pour éviter qu'elles ne se bouchent. Les médecins les introduisent via la radiologie interventionnelle, avec seulement une petite incision dans l'aine la plupart du temps. On parle de chirurgie mini-invasive. En Lorraine, ces stents sont fabriqués à la main.
Il y a presque quarante ans, le stent, petit tube grillagé, a révolutionné la prise en charge des maladies artérielles. Grâce à lui, il est désormais possible d'intervenir efficacement dans les artères avec une petite incision de quelques centimètres. La fonction du stent est de dilater les vaisseaux rétrécis par une pathologie. Une fois mis en place, le stent peut rester à vie dans le corps humain.
Mais avant d'être posé dans le vaisseau d'un patient, il a fallu créer cet outil fantastique. Si aujourd'hui la plupart des stents sont fabriqués à échelle industrielle, il existe encore de rares sociétés qui privilégient la méthode artisanale. C'est à quelques kilomètres de Metz que tout commence. Dans un atelier, une poignée d'ingénieurs et de techniciens travaillent de concert pour fabriquer ces stents.
"La première étape de fabrication consiste à fabriquer les outillages qui vont permettre de fabriquer le stent. On développe des fichiers 3D et ensuite l'ordinateur fait parvenir ces fichiers à l'imprimante 3D. Et le moteur de l'imprimante imprime petit à petit l'outillage", explique Diane Gibelin, ingénieur d'affaires à Nimesis Biomédical.
Une fois le modèle terminé, la technicienne de fabrication commence le travail laborieux du tissage. "À partir du gabarit imprimé en 3D, on peut tresser le stent. Il est tressé avec un fil. On utilise du nitinol, un alliage de nickel-titane. Il s'agit d'un alliage biocompatible, c'est-à-dire qu'une fois dans le corps humain, il n'y aura pas de rejet", souligne Diane Gibelin. L'avantage du tissage à la main, c'est l'utilisation d'un seul et même fil pour la totalité du stent. Cela permet aux extrémités du tube d'être arrondies et donc moins agressives pour les tissus du corps humain.
Piquer, tirer, piquer, tirer… Plusieurs heures de tissage sont nécessaires selon la dimension du stent. Le tissage est une étape très minutieuse et délicate car si la technicienne commet la moindre erreur, tout est à refaire. Quant au fil, à cette étape de la fabrication, il est encore fragile et peut casser à tout moment.
Pour que la forme du stent devienne définitive, le stent passe par l'étape du traitement thermique. Placer le stent au four à une température bien précise permet de donner au stent une forme qu'il reprendra toujours même s'il est déformé. C'est l'une des capacités si particulières du nitinol. On parle de mémoire de forme.
Veines, artères, œsophage, intestins… On trouve des stents de toutes les formes plus ou moins alambiquées. Mais pour chacun, c'est toujours la même exigence de résultat comme le confie Alain Hautcoeur, directeur technique de Nimesis Biomédical : "On demande à un stent d'être au départ super élastique pour sa mise en place, c'est-à-dire que quand on va l'introduire dans le corps humain, on utilise les propriétés super élastiques de ces matériaux très particuliers. Et ensuite il faut une tenue mécanique et une tenue aux agressions chimiques qu'il peut subir à l'intérieur du corps humain".
Si l'usage du stent est aujourd'hui très répandu dans le monde, il n'en reste pas moins en constante évolution. Nimesis Biomédical développe notamment le stent sur mesure.