Grèce : trois millions de personnes exclues du système de santé
En Grèce, la crise économique et les mesures de rigueur budgétaire ont totalement désorganisé le système de santé publique. Après un an de chômage, les Grecs perdent leur couverture maladie. Aujourd'hui dans ce pays qui compte onze millions d'habitants, on estime que trois millions de personnes seraient exclues du système de santé publique. Pour permettre à ces personnes d'avoir accès à un suivi médical, une cinquantaine de dispensaires sociaux ont ouvert dans le pays. Ils proposent des consultations et des médicaments gratuitement aux patients qui en ont besoin.
En banlieue d'Athènes, le dispensaire d'Helliniko permet à des milliers de Grecs privés d'assurance maladie d'avoir accès à des soins. Chaque jour entre 60 et 100 patients viennent se faire soigner ou récupérer des médicaments gratuitement.
Les vaccinations sont une des activités principales pour les pédiatres du dispensaire. Un relais associatif qui a permis de limiter la propagation de maladies infantiles. "Heureusement les maladies du passé ne sont pas revenues", note le Dr Vassiliki Sklavenitou, pédiatre au dispensaire social d'Helliniko, "il y a des cas de malnutrition ou des retards sur les vaccins, mais pas d'épidémies. Les personnes s'intéressent et trouvent une solution pour vacciner les enfants".
Depuis trois ans, le Dr Sklavenitou assure bénévolement une demi-journée de consultations au dispensaire chaque semaine. Comme elle, une centaine de médecins se relaient dans la polyclinique : "Nous sommes devenus indispensables", confie le Dr Sklavenitou, "50% de la santé dépend des volontaires et 50% dépend du système public".
En Grèce, après un an de chômage, les habitants perdent leur couverture maladie. Aujourd'hui on estime que trois millions de personnes sont sorties du système. À cela s'ajoutent des médicaments ou des analyses en laboratoires moins bien remboursés.
Un sociologue, Charalampos Oikonomou, a évalué l'impact des mesures d'austérité sur le système de santé de son pays : "Entre 2009 et 2013, les dépenses totales de santé sont passées de 23 milliards d'euros à 16 milliards d'euros. Cela représente une baisse de 38%. Il s'agit de coupes sèches, elles ne sont pas le résultat d'une rationalisation des services de santé ou d'une amélioration de leur efficacité. Ce sont les pires coupes budgétaires jamais réalisées dans un système de santé nulle part dans le monde".
Les Grecs peuvent payer jusqu'à 25% du prix des médicaments. Pour les plus pauvres, c'est impossible. Alors la polyclinique d'Helliniko a réussi à créer une véritable pharmacie, grâce à des dons le plus souvent de particuliers. Ici on trouve de tout, du simple paracétamol aux médicaments les plus chers et les plus rares indispensables à la survie des malades. La polyclinique n'accepte pas d'argent. Les donateurs apportent donc directement les médicaments dont le dispensaire a besoin.
Depuis la création du dispensaire d'Helliniko en 2011, plus de 43.000 consultations ont été menées par des médecins bénévoles. En tout, 260 volontaires se relaient pour assurer un suivi médical aux patients du quartier.