Le nombre de généralistes baisse encore en France
Il n'y a jamais eu autant de médecins en France. Cependant, la réalité est très contrastée. Les généralistes sont de moins en moins nombreux et les disparités régionales s'accentuent.
Depuis plusieurs années, le nombre de médecins reste stable. Au 1er janvier 2016, le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) a recensé 215.583 médecins actifs, (-0,4% entre 2007 et 2016), soit 284,4 médecins pour 100.000 habitants. L'arrivée de médecins a permis de compenser les nombreux départs. Un quart de ces nouveaux praticiens est diplômé d'autres pays. Et il a aussi fallu compter sur les retraités. En neuf ans, les effectifs des retraités (qui pour certains cumulent retraite et activité) ont crû de 87,7%. Les médecins âgés de 60 ans et plus représentent désormais 27,1% des effectifs, relève l'atlas annuel du Cnom, présenté jeudi 2 juin 2016.
Toutefois, si la "France n'a jamais dénombré autant de médecins", les données montrent des "augmentations significatives" (+ 46% en neuf ans) du nombre de médecins "temporairement sans activité" (arrêts pour décision personnelle, pour raisons de santé ou interdictions disciplinaires...) et "remplaçants", souligne l'Ordre.
Les disparités régionales sont importantes. Huit régions ont une densité médicale, toutes spécialités confondues (généralistes et spécialistes), inférieure à la moyenne nationale de 284,4 médecins en activité pour 100.000 habitants. La région Centre est celle qui a la plus faible densité avec 232,7 médecins pour 100.000 habitants, suivie de la Normandie (253,3) et des Pays-de-la-Loire (256).
À l'inverse, parmi les cinq régions les mieux loties, la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur est celle qui enregistre la plus forte densité avec 350 médecins pour 100.000 habitants. Elle devance l'Ile-de-France, le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, la région Rhône-Alpes-Auvergne, Poitou-Charentes-Limousin-Aquitaine.
Moins de médecins généralistes…
Les effectifs de généralistes baissent presque partout. Ils sont les "premiers touchés" par les départs en retraite, relève le Cnom. Au cours de la période 2007/2016, leurs effectifs ont diminué de 8%. "Ils connaissent une chute inexorable, et ce, de manière préoccupante puisque cette chute devrait se poursuivre jusqu'en 2025 et pourrait se traduire par la perte d'un médecin généraliste sur quatre durant la période 2007-2025", alerte l'organisme représentant la profession médicale.
En neuf ans, les effectifs des généralistes ont baissé dans 81 départements. Les plus fortement touchés sont Paris et la Nièvre (- 25%), devant l'Yonne et les Yvelines (- 21%). La situation est particulièrement inquiétante dans les territoires qui au départ ont une densité de généralistes faible, comme la région Centre (107,5 pour 100.000 habitants) ou la Bourgogne (113,5). La moyenne nationale de généralistes est de 132,1 pour 100.000 habitants.
Seuls treize départements enregistrent une augmentation du nombre de ces professionnels en 2015. Parmi eux, ceux situés sur la façade Atlantique, les deux Savoie, le Doubs et les Pyrénées-Orientales.
La plus forte densité de généralistes se situe en Provence-Alpes-Côte-d'Azur avec 152,6 généralistes pour 100.000 habitants, devant la Corse (143,6) et le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (143,5).
…Mais plus de spécialistes
Si la courbe des généralistes décline, à l'inverse celle des spécialistes en activité est en constante augmentation depuis 2007 : en 2020, ces derniers devraient même être plus nombreux que leurs confrères, selon les projections de l'Ordre.
La présence de spécialistes s'est intensifiée dans 66 départements tandis qu'elle diminuait dans 25 autres. Les plus fortes variations positives ont été constatées en Haute-Savoie et dans la Somme (+ 24% et + 23% entre 2007 et 2016). Les départements ayant enregistré les plus fortes baisses sont le Cher, la Haute-Marne et la Meuse (- 13% chacun).
Au-delà des différences régionales, toutes les spécialités médicales ne sont pas touchées de la même manière. Ainsi, entre 2007 et 2016, les effectifs en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent ont fondu de près de la moitié (- 48,2%). Ceux de la médecine du travail ont diminué de 14,6%, de la dermatologie de 8,9% et de la rhumatologie de 8,4%.