Grenoble : le "chirurgien de l’horreur" porte plainte pour diffamation
L’avocat du docteur V., surnommé le "chirurgien de l’horreur" porte plainte pour diffamation contre quatre patients. Ce médecin exerçant à Grenoble aurait commis des erreurs médicales ayant entraîné des complications graves.
Nouveau rebondissement dans l’affaire du "chirurgien de l’horreur". Le docteur V., chirurgien du dos exerçant dans la région de Grenoble, a déposé plainte le 10 mai 2019 contre quatre patients pour diffamation. Le médecin est accusé par les témoignages de 80 victimes présumées d’avoir commis des erreurs médicales ayant entraîné des complications sévères, telles que des amputations et des invalidités.
Le chirurgien a également porté plainte, toujours pour diffamation, devant le doyen des juges d'instruction, contre les proches d'un homme décédé en 2017 qui accusaient le Dr V. dans Le Parisien d'être à l'origine du décès. Il a enfin porté plainte devant la gendarmerie, pour dénonciation calomnieuse, contre une autre patiente ayant témoigné dans la presse.
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"A tour de bras on le traîne dans la boue"
"Si le Dr V. engage ces procédures à tour de bras, c'est parce qu'à tour de bras on le traîne dans la boue", a lancé son avocat, Maître Bernard Boulloud. Avec ces dépôts de plainte, l’avocat annonce vouloir "sonner la fin de la récréation" avant le procès prévu pour le 11 juin. Me Boulloud a également dénoncé lors d'une conférence de presse "le lynchage médiatique d'une violence inouïe" qui s'est abattu récemment sur son client, selon lui "très abattu". Le chirurgien grenoblois a par ailleurs reçu le soutien de son ancien supérieur, un professeur de chirurgie orthopédique, qui a relevé "les qualités professionnelles de très haut niveau" de ce médecin.
Un médecin-conseil de la CPAM également visé
Le docteur V. a déjà été suspendu pour trois ans, dont 18 mois avec sursis, le 15 janvier par le Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM), avec effet au 1er mai. Sur la base d'une soixantaine de dossiers repérés par la Sécurité sociale de l’Isère, le CNOM lui reproche d'avoir souvent décidé d'opérer sans disposer "de tous les éléments nécessaires" et de ne fournir "aucune explication convaincante" sur une trentaine de complications postopératoires. Le médecin a également reçu un blâme en avril de l'Ordre des médecins de Rhône-Alpes, dans un dossier suivi par Me Edouard Bourgin, l’avocat des patients.
Me Boulloud a saisi le Conseil d'État contre la sanction prononcée par le CNOM, et dénoncé en février au Conseil de l'Ordre de l'Isère l'un des médecins-conseil de la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM), dont l'enquête - "tronquée" selon lui - est à l'origine de la suspension. "Il est intervenu auprès de confrères pour discréditer le Dr V. à un point que vous n'imaginiez pas […] Jalousie? Corruption active ? ", s'est indigné l'avocat.
Jusqu’à présent, les procédures judiciaires se sont déroulées devant les tribunaux administratifs. Mais l’affaire pourrait être confiée à la justice pénale, comme le demandent les victimes présumées du chirurgien.