Diabète : les greffes de l'espoir
Réussir à guérir des patients dont le diabète résiste aux traitements en leur greffant les cellules du pancréas qui produisent de l'insuline. C'est l'espoir d'un essai clinique en cours pour faire face aux complications graves provoquées par ces diabètes complexes. Et pour préserver ces cellules d'un rejet par l'organisme, une autre équipe tente de mettre au point une solution qui évite un traitement à vie. Une technique pour l'instant validée chez l'animal qui pourrait bénéficier à toutes les greffes d'organes.
Les cellules du pancréas qui sécrètent l'insuline sont les îlots de Langerhans. Ceux d'un donneur décédé compatible peuvent être greffés par une simple perfusion veineuse vers le foie. C'est étonnant mais ils ont très vite été à nouveau capables d'y produire de l'insuline pour maîtriser le sucre contenu dans l'alimentation. C'est exactement le résultat attendu par les diabétologues.
"On réalise cette transplantation et soudainement on voit la réapparition d'une sécrétion d'insuline dans le corps. On dose l'insuline dans le corps. Et donc on voit revivre le patient, c'est-à-dire récupérer une qualité de vie qui nous semble naturelle mais qui pour le patient est une vraie révolution", explique le Dr Jean-Pierre Riveline, diabétologue.
Il est encore impossible d'extraire toutes les précieuses cellules, tous les îlots du pancréas d'un donneur. Il faut donc plusieurs greffes pour reconstituer l'équivalent d'un organe normal. L'espoir des chercheurs est bien sûr que les patients soient guéris de leur diabète au terme des injections.
Mais comme tous les greffés, ils ont besoin d'un traitement immunosuppresseur pour éviter un rejet des cellules du pancréas des donneurs. Un traitement lourd qu'une équipe de recherche de l'Inserm essaie de remplacer par une autre stratégie comme le confirme Sylvaine You, chargée de recherche Inserm : "On veut programmer, éduquer le système immunitaire pour lui faire dire : la greffe est quelque chose de bien, il faut la garder, il ne faut pas la détruire. Dans cette optique, on a utilisé des anticorps qui vont cibler les lymphocytes responsables du rejet de greffe, ceux qui vont détruire la greffe".
En plus des anticorps, l'équipe a ajouté des cellules qui régulent aussi les défenses immunitaires et qui ont été obtenues à partir des cellules souches du greffé. Une solution testée chez des souris diabétiques qui ont reçu une greffe d'îlots pancréatiques.
Sylvaine You présente les résultats obtenus : "Chez une souris non traitée, on a une destruction de la greffe par les cellules immunitaires. On a donc un marquage à l'insuline réduit puisque les îlots ont été détruits et ils ont été attaqués par les cellules immunitaires qui ont infiltré le greffon de manière massive. Chez la souris traitée en revanche, on obtient un très beau marquage à l'insuline ce qui montre que la greffe n'a pas été détruite par les cellules immunitaires". Une protection obtenue avec seulement une injection la veille de la greffe et trois autres dans les jours suivants. Une révolution par rapport au traitement actuel à vie.
Les deux éléments de ce traitement sont déjà en cours d'essai clinique chez l'homme dans d'autres thérapies. Leur capacité à préserver ensemble des greffons humains pourrait donc bientôt être évaluée.
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