Fermeture des urgences de nuit de Clamecy : 35 maires démissionnent
Trente-cinq maires de la Nièvre ont démissionné pour protester contre la fin des urgences de nuit à l’hôpital de Clamecy. Pour la maire de la commune, la fermeture est motivée par des critères financiers et non par des problèmes d’effectifs.
A Clamecy, dans la Nièvre, le projet de l’Agence régionale de santé (ARS) de fermer les urgences de la commune, la nuit, inquiète la population et les élus. Les services d'urgences les plus proches sont, en effet, situés à 44km pour Nevers et 80 km pour Auxerre. Or, selon Claudine Boisorieux, maire de Clamecy, "il faut environ 1h pour aller jusqu’à Auxerre, et encore plus lorsque l’on vient de certaines communes alentours". A condition, qui plus est, qu’il n’y ait ni neige, ni verglas, ce qui compliquerait largement les parcours.
Démissions, manifestation, arrêtés municipaux
Pour dénoncer ce projet, trente cinq maires de communes situées aux alentours de Clamecy et près d'une quarantaine d'adjoints ont remis, vendredi dernier, leur démission en sous-préfecture. Dans la matinée, une manifestation avait rassemblé entre 1000 et 3000 personnes, selon les sources, défilant aux côtés des élus et des sapeurs pompiers.
Le maire de la commune de la Chapelle-Saint-André, située à une vingtaine de kilomètres de Clamecy, Jany Siméon a, quant à lui, pris un arrêté, à valeur symbolique, "interdisant la fermeture de l'accueil des urgences de nuit à l'hôpital de Clamecy". Un texte qui dénonce la "mise en danger de la vie d'autrui", a précisé l'édile à l'AFP, qui a indiqué que le même arrêté avait été pris par de nombreux maires de la région. "On ne s'interdit pas de porter plainte", a-t-il complété.
Problèmes d’effectifs…
Pour l'Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté, le nouveau Projet régional de santé est actuellement "soumis à consultation" et ne serait arrêté et publié que "courant juin 2018".
"On n’a pas l’intention de fermer les urgences de nuit", a déclaré Olivier Obrecht, directeur général adjoint de l’ARS à France 3 Bourgogne-Franche-Comté au sortir d’une réunion organisée en marge de la manifestation avec certains élus démissionnaires et la maire de Clamecy. "Simplement, aujourd’hui, il y a deux médecins urgentistes dans l’hôpital de Clamecy (…) alors qu’il faudrait 11 médecins temps plein", précise-t-il. Et d’ajouter : "l’établissement ne peut assurer son activité qu’en ayant recours massivement à de l’intérim, à des médecins remplaçants, qui est une situation de fragilité". Selon lui, "l’ARS a à cœur, et c’est sa mission, d’assurer (…) une équité territoriale et un égal accès aux soins de tous les citoyens".
… ou enjeux financiers ?
"On joue sur les mots", estime Claudine Boisorieux. "Fermer les urgences de nuit de 20h à 8h du matin en parlant d’équité et d’égal accès aux soins, ce n’est pas possible", ajoute-t-elle. Selon elle, le véritable problème est financier. "A l’heure actuelle, il y a deux médecins urgentistes titulaires aux urgences, deux infirmières et l’on fait régulièrement appel à des intérimaires ", fait-elle remarquer. "Le véritable problème, c’est l’argent", insiste-t-elle, tout en ajoutant : "certes l’intérimaire coûte cher mais c’est à l’Etat de réglementer cela plutôt que de fermer les services".
Et l'élue de s'étonner : "l'arrêté du 13 mars 2017 indique que notre établissement répond à des critères d'isolement géographique [ c'est-à-dire éligible "au financement des activités de soins répondant à des critères d'isolement géographique", NDLR] et, désormais, on veut le fermer la nuit ."
Demande de concertation
Lors de la rencontre avec l'ARS, les élus démissionnaires ont demandé que de nouvelles réunions de concertation soient organisées pour étudier d’autres pistes que la fermeture des urgences, notamment une mutualisation des moyens sur un groupement hospitalier de territoire. "Un projet sur lequel il faudrait travailler en concertation avec tous les acteurs concernés, y compris les médecins généralistes du territoire et les sapeurs-pompiers", souligne Claudine Boisorieux. Qui reste optimiste : "il y a une forte mobilisation des élus sur cette question, notamment un soutien du président du Conseil départemental, Alain Lassus, mais également de Patrice Perrot, député La République en Marche de la Nièvre et de deux sénateurs de la Nièvre, Nadia Sollogoub et Patrice Joly".