Fusion des hôpitaux : un rapport embarrassant
Un rapport de l’IGAS bouclé en mars dernier, fait son apparition en ligne au beau milieu de l’été. Il dresse un bilan embarrassant pour la droite : la fusion des établissements hospitaliers, prônée depuis quinze ans, n’est pas une si bonne idée.
Fermeture de services, diminution du nombre de lits et désert médicaux… Le secteur hospitalier est en crise et connait d’important mouvement de restructuration. En 15 ans, environ 9 % des établissements publics de santé ont fusionné. Première cause : une situation financière fragile, des dettes élevées et un financement public à sec.
Ces fusions sont justifiées par une idée simple : plus la structure est importante et plus il y a de personnels soignants, de lits, d’opérations. À la clef, de meilleurs résultats et surtout, plus de rentabilité. Inversement, un établissement effectuant peu d’opérations perd non seulement de l’argent, mais en plus, il perd la main.
Mais l’Inspection générale des affaires sociales n’est pas d’accord avec cette équation : son bilan révèle qu’en réalité, ce rapport taille/efficacité n’est pas automatique. L’effet positif d’une augmentation de la taille n’est clairement établi que pour les établissements qui ont moins de 300 lits.
En obstétrique, on note 126 fermetures de services et une quarantaine de regroupements. Le nombre de maternités est passé de 1 369 à 554. Mais l’augmentation de la taille des services ne va pas forcément avec un personnel plus expérimenté. Dans un CHU (Centre Hospitalo Universitaire), par exemple, qui emploie beaucoup de personnels, le plus souvent ce sont des jeunes en fin de formation initiale. Ce ne sont pas forcément les plus expérimentés qui réalisent les accouchements.
Le mauvais exemple des maternités
La fusion des maternités s’est aussi accompagnée d’un classement par niveaux (I, II, III) pour les grossesses allant des plus simples au plus complexes. En réalité, la plupart des accouchements sont réalisées dans une maternité de niveau III. Alors que dans 80% des cas, il est sans complication, la prise en charge aurait dû être moins coûteuse.
Certaines fusions sont aussi une source de surcoûts et de dysfonctionnements. Ainsi en région parisienne, avec les hôpitaux de Saint-Germain-en-Laye et de Poissy. Dix ans après la fusion, la structure connaît un déficit de 37 M€ (ramené aujourd’hui à 14 M€).
Quelques réussites
L’IGAS met néanmoins en avant des exemples de réussite. C’est le cas en Savoie pour les établissements d’Aix-les-Bains et de Chambéry. Les deux villes ne sont qu’à une demi-heure de route. La fusion a été construite sur une complémentarité des services de soins. L’activité d’obstétrique a été transférée à Chambéry, et une unité de chirurgie ambulatoire a été créée à Aix-les- Bains mais gérée par Chambéry. Cette collaboration satisfait tout le monde.
Machine arrière en Aveyron
Ce n’est pas toujours le cas. Dans les zones rurales, les fermetures sont vécues comme un abandon par l’Etat. Un Etat qui a dû faire machine arrière en Aveyron, annulant la fusion du centre hospitalier de Millau et celui de Saint-Affrique.
Le rapport conclut que la meilleure réponse aux déserts médicaux réside dans la répartition des spécialistes plus que dans leur nombre global. Mieux vaut motiver les jeunes internes pour qu’ils se dirigent vers la spécialité ou la région qui en a le plus besoin. Une solution plus pertinente que des fusions difficiles, qui devraient rester une solution rare.
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