Hôpitaux publics recherchent internes désespérément !
Depuis le 1er novembre 2017, les internes de médecine générale sont encouragés à faire une partie de leur stage dans des cabinets de ville. Ils sont donc moins nombreux à l’hôpital. Un coup dur pour certains établissements.
Dans le service du Dr Edouard Karoubi, chef du pôle gériatrie à hôpital Paul-Brousse (AP-HP) de Villejuif, le nombre d’internes a fondu. En 3 ans, il est passé de 14 à 3. « Pour moi et pour pleins de collègues, ce n’est plus forcément le métier qu’on avait choisi. Certes, c’était de soigner mais c’était aussi d’enseigner. Et là, c’est vrai que sans les internes, il y a un coté attractif du service public, de certains hôpitaux qui disparaît. Alors que certains points négatifs restent. »
Moins d'internes pour les gardes
Moins d’internes, mais pas plus de médecins. L’organisation du service vire au casse-tête. Avant, les internes faisaient l’essentiel des gardes. Ce n’est plus le cas. Une surcharge de travail pour les médecins titulaires, déjà débordés. « On fait le travail de l’interne plus notre travail, explique le Dr Mathilde Noaillon. On pouvait faire une supervision par rapport à ce que faisait l’interne. Donc ça augmente la charge de travail. Chaque médecin travaille indépendamment des autres et à part quelques discussions sur un coin de table pour parler des patients. On ne peut plus faire de vraie visite, de contre visite de supervision sur les malades. »
Fermeture de lits
Faute de personnel, 18 lits du service sont fermés depuis cet été. Pour l’instant, aucune solution n’a été trouvée. Dans ce service, le nombre d’internes est en baisse depuis des années. La réforme des études de médecine aggrave encore la situation. En incitant les futurs médecins à faire leurs stages dans des cabinets de ville, elle prive certains hôpitaux publics d’internes, maillon essentiel à leur fonctionnement.
« On reprochait souvent aux étudiants en médecine de ne voir qu’une seule facette de l’exercice médical qui était l’hôpital, explique Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF). Aujourd’hui, on pousse et on installe des étudiants, des internes, aussi dans les cabinets de ville. On ne peut pas aller contre ça, simplement on le fait à un moment où la crise démographique, la crise des recrutements à l’hôpital est réelle, elle est forte. Il y a un quart des médecins hospitaliers qui ne sont pas pourvus et donc finalement, on ajoute des tensions à une situation de crise. » Par manque de moyens et de médecins, certains hôpitaux sont devenus très dépendants des internes.