Maternité de Bernay : Agnès Buzyn confirme sa fermeture
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé lundi 18 février que la maternité serait remplacée par un centre périnatal de proximité.
Avec seulement 312 naissances l'année dernière, la maternité de Bernay, désert médical de 10.000 habitants, n’est pas assez rentable. Le gouvernement a donc décidé de la transformer en centre périnatal de proximité, une structure qui assure uniquement des suivis de grossesse. Une décision qu’a réaffirmée Agnès Buzyn le 18 décembre lors d’une réunion dans les locaux de la maternité. "Ce n’est pas une fermeture. Il n’y aura plus l’acte d’accouchement, mais il y aura tout le suivi de grossesse qui sera de très grande qualité", a souligné la ministre de la Santé après avoir longuement rencontré le personnel de l'hôpital.
La maternité de Bernay ne répondrait pas aux exigences de sécurité
La Haute autorité de santé (HAS) a conclu en 2017 que la maternité de Bernay ne répondait pas aux exigences de sécurité. "Nous prenons cette décision parce qu'aujourd'hui, la liste de gardes est insuffisamment robuste. Elle ne repose que sur un seul professionnel et des intérimaires", a déclaré Agnès Buzyn, sans préciser la date de la fermeture.
Un argument qui ne tient pas pour l'obstétricien titulaire et président de la commission médicale d'établissement Ibrahim Makké. Celui-ci a en effet affirmé que deux obstétriciens étaient prêts à venir travailler à Bernay comme titulaires, chacun à mi-temps. Pour lui, les motivations du gouvernement sont "purement financières". Mais Agnès Buzyn, qui s'est exprimée auprès de l'AFP, affirme "se ficher" des déficits des hôpitaux. "Il y a tellement d'hôpitaux en déficit que si je devais fermer tous les services ou tous les hôpitaux en déficit, j'en fermerais beaucoup plus. Ce n'est pas le sujet", a-t-elle précisé.
"Bernay : fermeture annoncée de la maternité" Sujet diffusé le 19 juin 2018.
A Bernay, la colère gronde
Ce lundi 18 février, environ 120 manifestants – dont des membres du collectif contre la fermeture de la maternité et des gilets jaunes – se sont réunis devant l’établissement pour accueillir la ministre de la Santé aux cris de "Buzyn, baratin", "Buzyn, assassin".
Pour les habitants de Bernay en effet, la décision de stopper les actes d’accouchement ne passe pas : les maternités les plus proches sont situées à Evreux et Lisieux, à respectivement 50 et 30 minutes de route. "Il n'y a pas toujours de moyens de locomotion pour les patients. C’est une population précaire et il y a un vrai besoin de proximité", déplorait en juin dernier le Dr Ibrahim Makkhé au Magazine de la Santé. "Si la maternité ferme, il va y avoir un effet domino, on va se retrouver sans bloc opératoire, sans chirurgie, sans cardiologie, avec seulement des maisons de retraite", ajoutait Eric Planque, secrétaire du syndicat Force ouvrière (FO).
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Hervé Morin, président de la région Normandie, et Hervé Maurey, sénateur et ancien maire de Bernay, étaient également présents. Tous deux opposés à la fermeture, ils ont regretté que la ministre de la Santé campe sur ses positions. Les représentants syndicaux (FO) du personnel et l’association Liberté, égalité, proximité ont pour leur part annoncé qu’ils demandaient une contre-expertise de la HAS.
Bernay est loin d’être un cas isolé. On estime qu’en 40 ans, près de deux tiers des petites maternités ont fermé leurs portes. D’autres sont encore en sursis. Selon la Cour des Comptes, 35 maternités réaliseraient entre 300 et 500 accouchements par an.