Ségur de la santé : des mesures jugées « très décevantes »
Le gouvernement a dévoilé mardi 21 juillet une série de mesures pour "accélérer la transformation du système" de soins. Ces annonces sont loin de faire l’unanimité parmi les soignants.
« Nous attendions des mesures fortes et inédites et on a des mesurettes. Ces annonces sont très en deçà de ce que nous attendions » regrette le Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste du Samu 93 et délégué CGT santé.
En clôture du « Ségur de la santé » lancé à la suite de la crise sanitaire, le gouvernement a dévoilé mardi 21 juillet une série de mesures pour "accélérer la transformation du système" de soins. Parmi les principales mesures : la création de 4.000 lits "à la demande" pour "s'adapter à la suractivité saisonnière ou épidémique".
"4 700 lits supprimés"
« Le gouvernement a annoncé la création de 4 000 lits, mais 4 700 lits ont été supprimés sous la présidence d’Emmanuel Macron ! Et rien ne précise si ces créations de lits sont temporaires ou permanentes » s’insurge Dr Christophe Prudhomme, le président de l’association des médecins urgentistes de France. « C’est un vrai problème ! J’étais de garde le week-end du 14 juillet. Il n’y avait pas assez de médecins dans les Ehpad : on a été obligé d’hospitaliser de nombreux résidents. Aux urgences, on manque de lits, les patients sont de nouveau dans les couloirs. En psychiatrie, le manque de lits est aussi catastrophique : de nombreux patients ont décompensé pendant la crise sanitaire. »
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé une réduction de la part de la tarification à l'activité (T2A) dans le financement des hôpitaux.
"On sort d'une logique purement comptable"
« On semble sortir d'une logique purement comptable, aussi bien dans la gestion des lits que dans la gestion des établissements, la gestion des hommes et des femmes qui font l'hôpital, pour aller vers une approche beaucoup plus pragmatique", s'est réjoui Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France (hôpitaux publics). Les propositions sont "de nature à faire bouger les lignes d'un système de santé qui aujourd'hui est traversé par de nombreux dysfonctionnements", a-t-il estimé.
Une position qui n’est pas partagée par le médecin CGT.
"Aucun chiffre avancé pour la création d'emplois"
« Cela fait deux ans qu’on parle de la baisse de la T2A, mais on n’en voit pas le bout » estime quant à lui le Dr Christophe Prudhomme. « A l’occasion de la crise sanitaire, on a bien constaté qu’elle était toujours appliquée. On reste bel et bien dans une logique comptable » regrette le médecin CGT.
Concernant, la création d’emploi, Dr Christophe Prudhomme est également très déçu. Quinze mille embauches ont été promises à l'hôpital lors du Ségur de la santé 1 (à l’occasion duquel le gouvernement s’est engagé à revaloriser le salaires), mais « aucun chiffre de création d’emploi n’a été annoncé » lors de ce Ségur de la santé 2 déplore Christophe Prudhomme.
Le médecin CGT Santé critique aussi la communication du gouvernement. « On nous présente cet accord comme « historique », comme une « avancée démocratique » alors que seule la moitié des représentations syndicales l’ont signé. Cela pose un problème de représentativité » estime Christophe Prudhomme.