Inde : des superbactéries résistent aux antibiotiques
Chaque année dans le monde, 700.000 personnes meurent des suites d'une résistance aux antibiotiques, une menace "internationale" et "extrêmement sérieuse" selon l'OMS. Des superbactéries se développent aux quatre coins de la planète et on ne connaît aujourd'hui aucun moyen de les stopper. L'Inde est le pays le plus touché par ce phénomène et les premières victimes sont les nouveau-nés. Selon une étude de la revue The Lancet, 58.000 bébés indiens sont ainsi décédés en 2013.
Résistantes aux médicaments, les bactéries sont responsables de nombreux décès en Inde. "Il y a de plus en plus de cas de résistance aux antibiotiques, c'est-à-dire que les antibiotiques deviennent inefficaces contre certaines bactéries. Donc si les antibiotiques les plus puissants n'ont pas d'effet, alors les enfants peuvent mourir", regrette le Pr Syed Manazir Ali, chef d'un service de néonatalogie en Inde. En cause, des bactéries qui résistent à tous les traitements.
Il y a plusieurs mois alors qu'il récoltait des échantillons aux alentours d'un hôpital, un chercheur, Asad Ullah Khan, et son équipe ont fait une découverte étonnante : le NDM-4. Le NDM-4 est une enzyme. Lorsqu'elle est présente dans la bactérie, celle-ci devient alors une superbactérie, les antibiotiques n'ont plus d'effet sur elle. NDM-1, NDM-4, NDM-14… autant de variations du NDM, le New-Delhi métallo-beta-lactamase, une enzyme découverte pour la première fois en 2009 sur un patient suédois de retour d'un voyage en Inde.
"Les bactéries causent parfois des infections. On a alors recours à des antibiotiques pour soigner le patient. Mais avant que le traitement n'élimine la cellule, l'enzyme sécrétée par la bactérie va détruire l'antibiotique. L'antibiotique n'a alors plus d'effet, c'est l'action du NDM", explique Asad Ullah Khan, responsable de l'unité de biotechnologie interdisciplinaire Aligarh muslim university d'Aligarh.
Venues d'Inde mais aussi d'Afrique ou encore des Etats-Unis, ces superbactéries ne connaissent aujourd'hui aucune limite. On ne connaît pas précisément leur origine et on ne sait pas comment inhiber leur action. Parmi les causes du développement de telles résistances, des scientifiques du monde entier accusent la surconsommation d'antibiotiques car en Inde comme dans de nombreux pays, les antibiotiques sont devenus automatiques.
Dans l'une des plus grandes pharmacies d'Asie dans la capitale indienne, New-Delhi, on trouve tous types d'antibiotiques, officiellement vendus uniquement sur prescription médicale mais les ventes sous le comptoir seraient nombreuses. Pharmaciens, patients, médecins… tous usent et abusent des antibiotiques. En Inde, plus de 20% de la population serait aujourd'hui porteuse de bactéries résistantes, des superbactéries désormais présentes dans toutes les régions du monde selon l'Organisation mondiale de la santé.