La résistance des infections aux antibiotiques inquiète l'OMS
Si le grand public s'inquiète de l'apparition successive de nouveaux germes sans traitement efficace, c'est la résistance des infections aux antibiotiques qui fait craindre le pire aux scientifiques. Le dernier bilan de la résistance aux antibiotiques dans 144 pays, publié le 30 avril 2014, par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), dresse un tableau peu rassurant.
Les antibiotiques sont l'une des découvertes les plus importantes du siècle dernier. Meilleur moyen de lutte contre les bactéries, ils ont augmenté l'espérance de vie d'environ 15 ans et permis aux populations de vivre en meilleure santé. Mais leur usage inapproprié a développé la résistance de certaines bactéries, à tel point qu'elle représente une menace d'ampleur mondiale. Dans les lignes de son nouveau rapport, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d'alarme sur la résistance aux antimicrobiens à l'échelle mondiale et affirme que "cette grave menace n'est plus une prévision, mais bien une réalité dans chaque région du monde".
Le retour des bactéries oubliées ?
Des infections considérées aujourd'hui comme mineures risquent à nouveau de tuer. "À moins que les nombreux acteurs concernés agissent d'urgence, de manière coordonnée, le monde s'achemine vers une ère post-antibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer", prévient le Dr Keiki Fukuda, sous-directeur général de l'OMS pour la sécurité sanitaire.
Le rapport, qui se base sur les données provenant de 114 pays, note que la résistance existe pour de nombreux agents infectieux, mais il met l'accent sur la résistance aux antibiotiques de sept bactéries responsables de maladies graves courantes telles que les infections hématologiques (septicémie), les diarrhées, les pneumonies, les infections des voies urinaires et la gonorrhée (infection sexuellement transmissible).
Les patients dont le système immunitaire est affaibli par des traitements contre le cancer, ou en attente de greffe, tout comme ceux qui doivent subir une chirurgie, la pose d'un cathéter ou d'une prothèses de hanche... risquent de voir leur vie en danger faute de pouvoir lutter efficacement contre les infections.
Des initiatives françaises
En France, la multiplication des messages de prévention comme "les antibiotiques, c'est pas automatique" ou encore "les antibiotiques, utilisés à tort, ils deviendront moins fort" par l'Assurance-maladie a réussi à réduire leur utilisation. Mais l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) a révélé en passant en revue plusieurs études un retour à la forte consommation d'antibiotiques.
Pour mieux soigner les patients, en 2012, une équipe de l'Inserm a mis au point un test rapide permettant de vérifier la résistance des bactéries aux antibiotiques etde mieux adapter l'antibiothérapie. Il est ainsi possible avec ce test de savoir si un patient est porteur de bactéries résistantes, contre 48 heures auparavant. Cette découverte est majeure, car 25.000 malades porteurs d'infections multirésistantes meurent chaque année en Europe.
Une utilisation intelligente des antibiotiques
Voici les quelques recommandations émises par le rapport de l'Organisation mondiale de la Santé pour lutter contre la résistance aux antibiotiques :
- utiliser les antibiotiques uniquement lorsqu'ils sont prescrits par un médecin ;
- terminer le traitement conformément à l'ordonnance, même si l'on se sent mieux ;
- ne jamais partager des antibiotiques avec d'autres personnes et ne jamais utiliser les médicaments restants d'une ordonnance précédente.
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Les antibiotiques sont des moyens de défenses que la nature a créés pour lutter contre les bactéries. Ils n'on donc aucun effet sur les autres germes, comme les virus, les parasites ou les champignons.
Il n'y a plus eu aucune découverte de familles d'antibiotiques depuis 25 ans.