Une bactérie multirésistante se propage dans les hôpitaux du monde entier
Le staphylocoque epidermidis peut provoquer des infections quasi incurables et résiste aux antibiotiques les plus courants.
Les chercheurs de l'Université de Melbourne sont inquiets. Dans une étude parue le 3 septembre dans Nature Microbiology, ils alertent sur la propagation de la bactérie multirésistante Staphylococcus epidermidis dans les hôpitaux du monde entier. Celle-ci, naturellement présente sur la peau, est difficilement détectable, mais elle peut entraîner des infections potentiellement mortelles. "A chaque fois qu’on ouvre une brèche dans la peau et qu’on insère un corps étranger dans l’organisme (de la canule dans une veine au remplacement d’une valve aortique), c’est une porte d’entrée pour le staphylocoque epidermidis, qui peut créer un foyer d’infection" alertent les scientifiques.
Une propagation rapide en soins intensifs
Les chercheurs ont analysé des échantillons de staphylocoque epidermidis provenant de 24 pays et de 96 hôpitaux, et découvert que certaines souches de la bactérie avaient légèrement modifié leur ADN. Résultat : elles sont devenues résistantes à deux des antibiotiques les plus couramment administrés. Les personnes âgées, dont les défenses immunitaires sont affaiblies, y sont particulièrement vulnérables. Les patients porteurs de dispositifs implantés (cathéters, valves cardiaques et prothèses articulaires) y sont également extrêmement sensibles. "La bactérie peut être mortelle, mais c'est généralement chez des patients qui sont déjà très malades à l'hôpital", note le Pr Benjamin Howden, qui a participé à l’étude.
L'utilisation d'antibiotiques dans les unités de soins intensifs étant extrêmement fréquente, cette bactérie se répand rapidement. "Il ne fait aucun doute que la résistance aux antibiotiques est l'un des plus grands dangers pour les soins hospitaliers dans le monde entier", estime le Pr Howden.
"Les hôpitaux partent en guerre contre l'antibiorésistance". Sujet diffusé le 17 juin 2015.
Le programme de surveillance de l’antibiorésistance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a livré ses premiers chiffres en janvier dernier. Les bactéries résistantes les plus souvent signalées sont Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Staphylococcus aureus et Streptococcus pneumoniae, suivies de Salmonella spp. "Le plus inquiétant, c’est que les agents pathogènes franchissent les frontières", a déclaré le Dr Marc Sprenger, directeur du secrétariat chargé du problème de la résistance aux antimicrobiens à l’OMS. L’organisation encourage donc tous les pays à instaurer des systèmes de surveillance pour détecter d’éventuelles pharmacorésistances.