Préviscan® : un anticoagulant qui fait polémique
Le Préviscan® est le médicament anticoagulant le plus prescrit en France. Il est utilisé pour traiter et prévenir les accidents thromboemboliques, c'est-à-dire lorsqu'un caillot sanguin obstrue une veine. Mais cet anticoagulant peut entraîner des réactions immuno-allergiques. Des accidents très rares mais potentiellement graves.
À l'hôpital Lariboisière, à Paris, près de 1.000 patients sont sous surveillance téléphonique car ils prennent tous un traitement anticoagulant. Selon Cécile Heuzé, interne en cardiologie, ce sont "des traitements à la fois indispensables pour les patients mais qui peuvent être associés à des effets secondaires qui peuvent être graves et qui peuvent être mortels dans certains cas, donc il est très important de les surveiller".
Des risques d'hémorragie comme tous les anticoagulants
Cette surveillance passe aussi par le bon dosage du médicament. Sous dosé, il n'est pas efficace. Surdosé, il y a un risque d'hémorragie. Le Pr Ludovic Drouet, hématologue, détaille ces effets : "C'est essentiellement le risque de saigner. Le plus grave, c'est dans la tête. Ce sont les hémorragies intracérébrales (…) qui nous font le plus peur avec le traitement anticoagulant. Ensuite, il y a les hémorragies les plus courantes, les hémorragies digestives le long du tube digestif et les blessures comme les hématomes".
Des réactions immuno-allergiques rares mais graves
Aujourd'hui, le Préviscan® représente 80% des prescriptions d'anticoagulants. Ce médicament est composé de fluindione. En plus des risques d'hémorragie, cette molécule peut provoquer des éruptions cutanées sur le corps, des oedèmes associés à une forte fièvre. Ces accidents sont extrêmement rares : 2 cas pour 10.000 patients. Selon une enquête sanitaire du Centre Régional de Pharmacovigilance de Lyon datant de mai 2014, ces réactions surviennent uniquement lors des premiers mois de traitement et touchent la peau mais aussi le foie, les poumons et les reins. Les conclusions du comité technique sont sans appel : "L'ANSM pourrait inciter à l'utilisation de la warfarine en première intention, sans changer le traitement des patients déjà équilibrés (…) afin de minimiser les risques non hémorragiques".
Des effets secondaires encore peu connus
L'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) assure qu'elle va relancer l'information auprès des prescripteurs sur les effets indésirables du Préviscan®. Mais pour elle, la balance bénéfice/risque reste encore en faveur du médicament. Le Dr Jean-Michel Race est directeur des médicaments en cardiologie à l'ANSM : "Si on veut assurer la sécurité du patient, l'évolution de ces habitudes doit être accompagnée et doit se faire prudemment. Il faut éviter toute modification brutale qui serait pourvoyeuse d'un nombre d'effets secondaires et d'accidents plus important".
Aujourd'hui, en première intention, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande les anticoagulants antivitamines K, c'est-à-dire la classe de médicaments auxquels appartient le Préviscan®. Mais la HAS procède actuellement à une réévaluation de l'ensemble de ces médicaments. Les recommandations pourraient donc évoluer. Les résultats sont attendus à la fin du mois de juin 2017.