Quatre choses à savoir sur les corticoïdes

Les corticoïdes sont utilisés pour traiter un grand nombre de maladies inflammatoires et auto-immunes. Ils ne sont toutefois pas sans effets secondaires et leur utilisation nécessite une surveillance rigoureuse.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
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Médicaments : attention aux risques de l'auto-médication
Médicaments : attention aux risques de l'auto-médication  —  Allodocteurs - Newen Digital

Qu'est-ce qui se cache derrière les corticoïdes ? Comme près d'un adulte sur 100 en France, selon les estimations et les études, vous suivez peut-être un traitement à base de corticoïdes, plus communément appelé corticothérapie. Les corticoïdes, ou corticostéroïdes, sont de puissants médicaments dérivés d'une molécule naturelle : le cortisol. 

Ils sont principalement prescrits dans le traitement de maladies inflammatoires et auto-immunes, telles que l'asthme, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn ou les dermatites sévères. Les corticoïdes sont aujourd'hui médicalement catégorisés comme des anti-inflammatoires stéroïdiens, par opposition aux anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), comme l'ibuprofène ou l'aspirine. 

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Il est préférable de prendre les corticoïdes le matin

Les professionnels de santé recommandent de suivre son traitement à base de corticoïdes au réveil, ou plus généralement le matin. Pourquoi cet horaire est-il préférable ? Le cortisol, l'hormone dont les corticoïdes sont dérivés, est naturellement sécrété au réveil, pour stimuler l'organisme tout au long de la journée. 

Lors d'une corticothérapie sur quelques jours, la prise de comprimés le matin permet d'éviter les effets secondaires du traitement plus tard dans la journée. En cas de prise plus tardive, le sommeil peut en effet être perturbé. Il est également conseillé de prendre son traitement au cours d'un repas (idéalement au petit-déjeuner), pour limiter les effets secondaires gastriques des corticoïdes.

Les corticoïdes contre-indiquent certains vaccins

En fonction du dosage du traitement à base de corticoïde, la vaccination par "vaccin vivant atténué est contre-indiquée", indique l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). "Les vaccins vivants sont contre-indiqués chez les sujets recevant un immunosuppresseur, une biothérapie et/ou une corticothérapie (en fonction de la dose et de la durée du traitement pour cette dernière)", abonde en ce sens l'Académie nationale de médecine

Les vaccins contre la dengue, la fièvre jaune, la rougeole ou encore les oreillons sont notamment concernés. Cette contre-indication ne s'applique que pour les patients dont la corticothérapie est de durée supérieure à deux semaines et dont la dose de traitement est supérieure à 10 mg/jour. "Pour les patients ayant été traités par corticothérapie à des doses supérieures ou égales à 20 mg/jour, pour une durée supérieure à 15 jours, il est recommandé d'attendre trois mois après l'arrêt de la corticothérapie" pour être vacciné avec ces vaccins vivants, ajoute l'INRS. 

Les corticoïdes ne sont pas photosensibilisants

Contrairement à une idée largement reçue, la prise de corticoïdes, et plus précisément de dermatocorticoïdes, ne provoque par de photosensibilisation médicamenteuse. Les dermatocorticoïdes sont "des pommades, crèmes et lotions contenant des corticoïdes", rappelle le Vidal, la base de référence des médicaments.

Les dermatocorticoïdes sont particulièrement prescrits dans le traitement de plusieurs affections cutanées chroniques (dermatite atopique, psoriasis, eczéma...) ou aiguës (dermatoses..). Dans une étude publiée en 2019 dans la revue Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, une équipe de chercheurs français estimait que "la crainte des dermocorticoïdes ou corticophobie repose sur une surestimation des risques d’effets secondaires réels et sur des croyances non fondées". Parmi ces croyances, "la notion du caractère photosensibilisant des dermocorticoïdes" était répandue chez les professionnels de santé et le grand public. 

Or, ce caractère photosensibilisant est absent des traitements dermatocorticoïdiques. Cette croyance est tellement ancrée chez les professionnels de santé, qu'elle entraîne souvent l'arrêt du traitement pendant la période estivale, signalent les auteurs de l'étude sus-mentionnée. Pour rappel, les traitements photosensibilisants sont identifiables grâce à un symbole distinctif présent sur leur emballage : un soleil en partie caché par un nuage dans un triangle rouge.

Réduire les effets secondaires des corticoïdes, c'est possible

Les effets secondaires et indésirables des corticoïdes sont multiples. L'Institut national du cancer liste, parmi eux, "des modifications physiques, comme une fonte musculaire ou un gonflement du visage", "des tendances à la dépression ou au contraire à l’agitation, avec notamment des insomnies" ou encore "l’aggravation ou l’apparition d’un diabète ou d’une hypertension". La prise de corticoïdes peut également favoriser l'ostéoporose ou la rétention de sel et d'eau dans l'organisme.

L'intensité de ces effets secondaires indésirables peut varier selon l'état de santé du patient et de ses caractéristiques physiques, ainsi qu'en fonction du traitement et de la dose reçue. Pour réduire les effets secondaires des corticoïdes, il est recommandé d'adapter son régime alimentaire. L'AFM-Téléthon conseille notamment de "limiter les graisses, le sucre et les produits sucrés, le sel et les produits salés" et de "privilégier les œufs, les poissons et les viandes maigres (poulet sans la peau), les produits laitiers, les fruits et les légumes".

La pratique d’une activité physique régulière et adaptée est également essentielle pour limiter les effets secondaires des corticoïdes. En stimulant le système immunitaire, l'activité physique permet de "lutter contre les effets indésirables sur les muscles et les os", indique l'AFM-Téléthon. 

Enfin, un suivi médical régulier est aussi préconisé, afin qu'un professionnel de santé puisse ajuster rapidement le traitement en fonction de l'évolution de l'état de santé du patient. Si vous souhaitez arrêter une corticothérapie au long cours (plus de deux semaines), parlez-en à votre médecin traitant ou à un autre professionnel de santé : il vous accompagnera dans une réduction progressive du traitement pour limiter des effets secondaires plus importants.