Paracétamol : attention, danger

Médicament le plus consommé en France, le paracétamol, pris en excès peut détruire le foie. L’Agence du médicament réagit en obligeant les fabricants à inscrire un message d’avertissement sur les boîtes.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Paracétamol : attention, danger

Inoffensif, le paracétamol ? Non, et c’est même tout le contraire. Consommé en surdose, le médicament le plus couramment prescrit et utilisé contre la fièvre et la douleur peut conduire à la mort en quelques jours. En cause, une destruction des cellules du foie.

"Le paracétamol est normalement métabolisé par le foie et éliminé, explique le Pr Bruno Mégarbane, chef de service de réanimation médicale toxicologique à l’hôpital Lariboisière, à Paris.

Mais s'il est consommé en excès, le foie est débordé et transforme la molécule en un produit toxique. "Ce toxique s’accumule dans le foie, ce qui entraîne la destruction des cellules hépatiques", ajoute le Pr Bruno Mégarbane. Sans prise en charge, une hépatite toxique peut survenir. Si peu de cellules sont détruites, il n'y a pas de répercussion clinique. Mais si plus de cellules du foie sont tuées, il est possible de mourir d’un surdosage en paracétamol.

Ce "côté sombre" de la molécule, vue comme banale, est encore très mal connu du grand public.

Un avertissement inscrit en rouge sur les boites

Pour alerter les consommateurs, L'Agence du médicament (ANSM)  a annoncé que l'avertissement "Paracétamol: attention "surdosage = danger", écrit en rouge, devra figurer sur les boîtes contenant la molécule.

Cette mesure concerne plus de 200 médicaments à base de paracétamol (Doliprane, Dafalgan, etc.) commercialisés en France. Les laboratoires concernés ont neuf mois pour modifier les boîtes de médicaments contenant du paracétamol afin d'y faire figurer les messages d'alertes demandés par l'ANSM.

Sur les boîtes contenant uniquement du paracétamol, la mention complète sur la face avant sera "surdosage = danger"  et "Dépasser la dose peut détruire le foie". Le tout encadré en rouge.

 

Informer sur les doses à ne pas dépasser

Ce message sera assorti d'informations visant à réduire le risque de surdosage et donc d'atteinte hépatique, sur la face arrière, au verso, de la boîte : dose maximale par prise et par jour, respect du délai entre deux prises, exclusion de la prise d’un autre médicament contenant du paracétamol... Car bien souvent les patients dépassent les doses car ils ne sont pas conscients de cumuler plusieurs médicaments à base de paracétamol.

Pour les médicaments qui associent cette molécule à d'autres substances actives, l'ANSM demande donc aux laboratoires d'apposer, également sur la face avant, la mention suivante : "surdosage = danger" et "Ne pas prendre un autre médicament contenant du paracétamol".

Se contenter de la plus petite dose efficace

L'ANSM rappelle les recommandations de bon usage, à savoir notamment prendre "la dose la plus faible, le moins longtemps possible", respecter la dose maximale quotidienne (3 grammes maximum pour un adulte, avec des prises espacées de 4 heures au minimum) et la durée de traitement recommandée et vérifier s'il y a du paracétamol dans les autres médicaments (utilisés pour douleurs, fièvre, allergies, symptômes du rhume ou état grippal).

Plus le foie est fragile, plus le risque est grand

Pour certaines personnes (moins de 50 kilos, maladie du foie, maladie grave du rein, alcoolisme chronique…), l'avis du médecin est recommandé avant de prendre du paracétamol.

Car la dangerosité du paracétamol dépend des capacités du foie de chacun. "Plus un foie est malade, plus le paracétamol est dangereux", note le Pr Mégarbane. Il n’est pas possible de donner de valeurs-seuil, mais la littérature scientifique fait état de cas d’hépatites et décès (chez des personnes malades du foie) à partir de 8 g/ jour (soit l'équivalent d'une boîte). Le mode de prise (en une fois, étalé...) a aussi son importance.

"Utilisé à bon escient, le paracétamol est un médicament sûr et efficace", assure l'Agence du médicament. Mais sa "mauvaise utilisation (...) est la 1ère cause de greffe hépatique d'origine médicamenteuse en France."