Départ de Buzyn : « En pleine crise de l’hôpital, ça confine à la provocation »
Le député et médecin Olivier Véran succède à Agnès Buzyn, candidate à la mairie de Paris. Une démission qui choque le Dr Christophe Prudhomme du Collectif Inter-Urgences, au plus fort de la crise hospitalière.
Crise de l’hôpital, réforme des retraites et épidémie de coronavirus… La passation de pouvoir au ministère de la santé se déroule dans un contexte sensible. Pour Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France, cela reflète un manque de considération pour le ministère. « Nous sommes face à un gouvernement qui ne considère pas le ministère de la santé comme un vrai ministère. (…) Changer d’interlocuteur, on sait très bien ce que ça veut dire… La mise en place d’une nouvelle équipe, ça va retarder le travail » affirme le médecin urgentiste.
La personnalité du nouveau ministre ne semble pas non plus faire l’unanimité « il fait beaucoup de rentre dedans, je ne crois pas que ça améliore les choses… ». Le Dr Christophe Prudhomme déplore le manque de moyens attribués au ministère de la santé sous l’ère Macron « le ministère de la santé n’est plus le bon interlocuteur, car aujourd’hui les décisionnaires sont Matignon et l’Elysée ». Pour lui, la période est également très mal choisie pour procéder à cette passation de pouvoir « en pleine crise de l’hôpital, ça confine à la provocation » se désole le médecin urgentiste.
Déjà au coeur des dossiers
Peu connu du grand public, Olivier Véran fait partie des premiers à rejoindre les rangs de la République en marche. Il devient le référent santé du candidat Macron pendant la campagne présidentielle. A l’époque, il se voyait bien occuper le poste de ministre de la santé et cache à peine sa déception à la nomination d’Agnès Buzyn. Sa nomination au poste de ministre de la santé relève d’un choix logique, car à 39 ans, ce député de l’Isère est un fin connaisseur de nombreux dossiers de santé. Il occupait déjà le poste stratégique de rapporteur général de la commission des Affaires sociales, en charge notamment du budget de la sécurité sociale. Depuis janvier, il était aussi rapporteur du volet organique de la réforme des retraites.
Tout comme Agnès Buzyn, Olivier Véran a la légitimité de la blouse blanche… Ce neurologue grenoblois aime répéter que malgré ses fonctions politiques, il a continué à travailler au CHU de Grenoble au moins un jour par semaine. Mais contrairement à Agnès Buzyn, il n’est pas novice en politique. Son engagement remonte à 2012 aux côtés de François Hollande. Suppléant de la députée iséroise Geneviève Fioraso, il est entré à l'Assemblée Nationale lorsqu'elle est devenue ministre. Pendant 3 ans, il suit alors plusieurs dossiers liés à la santé. Olivier Véran a ainsi défendu par exemple l’ouverture d’une salle de shoot à Paris, un site expérimental de consommation de drogue à moindre risque pour les toxicomanes, et lutté pour la fin de la discrimination des homosexuels du don de sang…