Déserts médicaux : à Souppes-sur-Loing les patients sont démunis
Lutter contre la désertification médicale. C'est l'une des promesses de la ministre de la Santé, pour que tous les Français puissent bénéficier de la même qualité de soins. Fin novembre, Marisol Touraine dévoilait quelques mesures phares de son plan d'action, mais il faut faire vite, car certains départements ont dépassé depuis longtemps le seuil critique de la désertification médicale...
A Souppes-sur-Loing, en Seine-et-Marne, les médecins généralistes, trop peu nombreux, sont débordés et les patients se retrouvent démunis.
Au volant de sa voiture, Véronique Magniadas sillonne les routes de Seine-et-Marne pour sa tournée du matin. La journée de cette infirmière libérale démarre sur les chapeaux de roues. Chaque jour, elle doit s’occuper de 35 à 40 patients. La moitié du département de Seine-et-Marne est touchée par la désertification médicale.
"On a beaucoup de problèmes depuis que la ville d'à côté, Bagneaux-sur-Loing (77), a vu ses deux médecins traitants partir en décembre de l’année dernière. Ils ont laissé tous leurs patients un peu démunis. Ils ont bien sûr donné des listes de médecins, mais pour toute la population c'est quand même difficile de retrouver un médecin traitant", explique Véronique Magniadas, infirmière libérale à Souppes-Sur-Loing (77).
Aujourd'hui, Véronique rend visite à un couple de retraités qui se sont installés à la campagne pour être plus tranquilles. Mais Christine Weber et son mari ont du trouver un nouveau médecin traitant et à Souppes-sur-Loing ce n'est pas évident.
Se soigner tout seul
Il n'y a aucune place dans les cabinets médicaux. Finalement, c'est le médecin généraliste de la commune voisine, débordé lui aussi, qui les a finalement acceptés. Il assure le suivi minimum, pour le reste ils doivent se débrouiller. "Le docteur nous voit tous les trois à six mois pour renouveler notre traitement. Mais ce n'est pas assez alors on se soigne tout seuls ou alors on va aux Urgences pour soigner une angine ou une otite, parce que comme on ne peut pas être soigné de suite, ça s'aggrave", raconte Christine Weber.
Quatre médecins pour 15.000 habitants
En moins de dix ans, Souppes-sur-Loing a perdu trois médecins généralistes. Aujourd'hui, ils ne sont plus que quatre pour 15.000 habitants environ. Dans un cabinet médical de la ville, les patients viennent une à deux heures en avance pour être sûrs d’obtenir une consultation en urgence. Ici, les premiers arrivés sont les premiers servis.
"Je distribue les tickets, comme ça quand il y a une heure d’attente, ça leur évite de rester dans la salle à ne rien faire", précise la secrétaire médicale. Et pour obtenir un rendez-vous, il faut parfois compter entre huit et quinze jours d’attente, les consultations sont de plus en plus courtes. "Ce n’est pas idéal car on est obligé d’aller vite pour voir tout le monde. On perd aussi en empathie et en qualité de relations humaines. Ce qui est sûr c'est que lorsque les patients ont besoin de soins plus précis, alors je prends le temps de le faire. Mais ce n’est pas une situation confortable", explique le Dr Michel Bauwens.
A 60 ans, ce médecin aimerait bien ralentir le rythme, mais il n’a aucun successeur en vue et l’avenir médical de Souppes-sur-Loing paraît plutôt sombre. Pour attirer de nouveaux médecins, le maire de la commune, Pierre Babut, compte sur un tout nouveau projet de maison médicale. Une offre de soins complète avec des dentistes, des kinésithérapeutes et même un cardiologue. Coût total : 2 millions d'euros. Il espère que cette maison médicale pourra ouvrir l’année prochaine et qu'elle attirera durablement de jeunes praticiens.