Dans le projet Fillon, tous les rhumes ne se valent pas
Jérôme Chartier, proche de François Fillon, a tenté ce 12 décembre sur France Inter de rassurer en expliquant que les "petits risques" seraient toujours pris en charge par la Sécurité sociale mais que "ça dépendrait de quel rhume".
Le projet du candidat de la droite à la présidentielle en matière d'assurance maladie, qui prévoit de réserver les remboursements aux seules maladies graves et chroniques, suscite l'inquiétude, y compris dans son propre camp. "La Sécurité sociale est en déficit, la situation n'est plus tenable", a fait valoir le député du Val d'Oise sur France Inter. "Les complémentaires santé complètent le remboursement, cette part-là doit être régulée", a-t-il expliqué. Selon lui, "le principe de la Sécurité sociale, c'est une Sécurité sociale qui protège véritablement tous les Français".
"Ça dépend de quel rhume"
La prise en charge des rhumes sera-t-elle toujours remboursée ? "Le rhume, ça dépend de quel rhume. Il faut entrer dans le détail", a répondu ce proche de M. Fillon. "C'est comme ce qu'on appelle la médecine de confort, c'est quelque chose qui n'est pas défini dans le code de la Sécurité sociale", a-t-il ajouté.
"Je ne suis pas médecin, je ne suis pas capable de vous le dire, c'est le médecin qui pourra le dire, un rhume si ça tourne mal, ça peut devenir beaucoup plus qu'un rhume, c'est le médecin qui va le déterminer", a expliqué M. Chartier.
Marisol Touraine, ministre de la Santé, a ironisé sur Twitter: "J. Chartier annonce qu'avec Fillon, seuls certains rhumes seront remboursés. Il veut indexer le remboursement sur le degré d'éternuement".
Une annonce qui fait débat
Le vice-président du Front national Florian Philippot estime, lui, dans un communiqué qu'"une prise en charge différenciée des consultations médicales en fonction de la sévérité des pathologies n'est pas acceptable (...). Ce qui s'apparente à un rhume peut être plus sévère". "L'imprécision entourant le projet santé de François Fillon est très inquiétante et ne laisse rien présager de bon. Ce projet semble être bâti au bénéfice exclusif d'intérêts particuliers, contre l'intérêt général", ajoute-t-il.
"Ce n'est pas le travail du politique de savoir ce qui est grave et pas grave", s'est défendu M. Chartier. "La santé c'est quelque chose d'extrêmement compliqué en France, il y a plusieurs types de complémentaires (mutuelles, assurances privées, ndlr), c'est la raison pour laquelle je m'en tiens aux grands principes", a dit M. Chartier. "On ne peut pas continuer avec une Sécurité sociale en déficit comme aujourd'hui, il y a des soins mal remboursés, comme les soins dentaires", a-t-il conclu.
Dimanche, le député de l'Oise Eric Woerth avait estimé que la distinction entre "petits" et "gros" risques, établie par François Fillon durant la campagne de la primaire de la droite, n'était "pas la bonne mesure".