Un délégué interministériel pour piloter la lutte contre l'antibiorésistance
Un poste de délégué interministériel pour l'antibiorésistance va être créé pour coordonner l'action des ministères concernés par cette "menace pour la santé publique", a annoncé ce 17 novembre le directeur général de la Santé (DGS), Benoît Vallet, à la veille de la Journée européenne de sensibilisation au bon usage des antibiotiques.
"La lutte contre l'antibiorésistance va s'élargir à toutes les administrations concernées [...] sous le pilotage d'un délégué interministériel pour l'antibiorésistance", a déclaré M. Vallet en ouverture d'un colloque consacré aux actions sanitaires et vétérinaires mises en œuvre par les pouvoirs publics.
Un comité interministériel réunira les administrations dépendant des ministres de la Santé, de l'Agriculture, de l'Ecologie, de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, des Affaires étrangères, de l'Economie et de la Défense - soit huit ministères. "Cette nouvelle organisation transversale est indispensable pour prendre en compte la menace pour la santé publique que constitue l'antibiorésistance", a ajouté le DGS.
Ce nouveau poste faisait partie des recommandations d'un rapport remis en septembre à la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
"Alors qu'une coordination est absolument fondamentale, de multiples projets et financements sont disséminés sans cohésion structurelle", dénonçait le rapport. Ses auteurs invitaient à la création d'une délégation prenant image sur l'actuel Comité Interministériel de la Sécurité Routière (CISR). "Ce Comité [doit viser] à créer des synergies en décloisonnant les initiatives individuelles sur la résistance bactérienne, mais aussi à rendre plus lisibles les actions entreprises par les différentes agences, ministères, sociétés et associations savantes ou professionnelles".
Le délégué interministériel en charge de l'antibiorésistance "[devrait] également piloter ou copiloter les différents groupes qui seront créés pour animer l'ensemble des forces dédiées à la lutte contre l’antibiorésistance". Le rapport proposait plus précisément la création d'un observatoire national de l’antibiorésistance, ainsi que d'un comité coordonnant une campagne globale "d’information, de communication et d’éducation", sur le thème "Tous ensemble, sauvons les antibiotiques".
Le rapport ministériel estimait à près de 13.000 le nombre de décès annuellement imputables, en France, aux bactéries multi-résistantes aux antibiotiques, sur environ 160.000 infections. "Mauvais élève européen", la France consomme 30% d'antibiotiques de plus que la moyenne européenne et presque trois fois plus que les Pays-Bas, la Suède ou la Norvège.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment demandé aux Etats d'élaborer leurs propres plans d'action nationaux d'ici mai 2017. Selon l'OMS, seuls 34 des 194 pays membres auraient initié un tel plan.