Les jeux dangereux de la cour de récré
Quatre enfants sur dix pratiqueraient des jeux d'asphyxie dans la cour de l'école. Ce sont les résultats d'une étude menée dans l'académie de Toulouse. Jeu du foulard, de l'écharpe ou encore de la tomate, toutes ces pratiques peuvent avoir des conséquences dramatiques pour la santé. Si les garçons sont souvent plus concernés que les filles, il est nécessaire de faire de la prévention pour tous. Reportage.
Se pousser dans les escaliers, tirer les cheveux d'une camarade ou encore jouer à s'étrangler. Les enfants listent les jeux dangereux qu'ils ont déjà vus dans la cour de l'école, c'est l'exercice du jour de ces élèves de CM1/CM2. Ces pratiques à risque préoccupent de nombreux médecins scolaires.
Parler des jeux dangereux en classe
Dans cette école primaire près de Mâcon, on délaisse les cahiers et les stylos le temps d'un après-midi pour discuter ensemble de ces jeux dangereux. Au tableau, quelques élèves prennent la parole face à leurs camarades pour raconter des histoires qu'ils ont vécues.
"J'ai déjà vu quelqu'un qui enlève son foulard pour étrangler l'autre". Un autre prend la parole : "Pendant la récréation, il y a des gens qui s'amusent à devenir tout rouge en arrêtant de respirer. Ils essaient de tenir le plus longtemps possible. Tu prends de l'air dans ta bouche, tu fermes, tu souffles, tu forces et tu vas devenir tout rouge..." Le médecin scolaire en charge de donner ce cours de prévention tente de savoir si l'enfant se rend compte des risques : "Tu sais que c'est dangereux de faire ça ?"
Un enfant sur quatre serait concerné
S'étrangler avec une écharpe ou retenir sa respiration jusqu'à l'étouffement. Nombreux seraient les enfants qui auraient déjà essayé. Une étude menée dans l'académie de Toulouse au cours de l'année scolaire 2015 révèle d'ailleurs qu'au primaire : un enfant sur quatre serait concerné.
"Ils recherchent des sensations fortes. S'ils jouent à ça, c'est pour quelque chose. On s'étrangle ou on étrangle l'autre. Le jeu de l'écharpe, si on demande à un autre de le faire, on recherche quelque chose, c'est pour ça que les enfants peuvent recommencer", explique le Dr Françoise Cusin, médecin scolaire. Ils recherchent, par exemple, la sensation de planer ou de voir plein de couleurs. Mais cela peut parfois aller jusqu'à l’évanouissement.
Les enfants n'ont pas conscience des risques
Pour que les enfants comprennent les risques, il faut d'abord qu'ils prennent conscience de comment fonctionne leur corps. "La chance qu'on a dans la prévention jusqu’en début de sixième est que l'enfant est sidéré d'apprendre qu'il peut mourir ou rester handicapé. Ils n'ont pas conscience de ça", précise le Dr Françoise Cusin.
Si ces jeux d'asphyxie débutent parfois très jeune, à la maternelle, les collèges et lycées ne sont pas épargnés. Et les conséquences peuvent être dramatiques. "Au bout d’une minute, les cellules vont commencer à souffrir, au bout de deux minutes des séquelles peuvent apparaître, elles restent transitoires et l’enfant pourra récupéré un fonctionnement cérébral normal. Au-delà de trois minutes, les séquelles sont irréversibles et au-delà de quatre minutes, c’'st la mort dans 100% des cas", explique Bertrand Chevallier, pédiatre à l’hôpital Ambroise Paré.
Des signes doivent alerter l'entourage
Si l'enfant a des traces de strangulation au niveau du cou, des tâches de petits saignements sous la peau ou des yeux qui sont parfois un peu imprégnés, alors ces éléments doivent alerter la famille. L'enfant pratique peut-être ce type de jeux dangereux et il faut intervenir.
En France, depuis 1999, ces jeux d'asphyxie ont causé la mort de plus de 75 enfants. Même si le nombre de décès est en baisse, dans les cours d’école, 8 à 10% des élèves joueraient encore régulièrement à ces jeux dangereux.