Kiné, infirmières libérales... elles veulent le même congé maternité que les femmes médecins
Le gouvernement a accordé aux femmes médecins une aide financière de congé maternité, qu’il a refusée aux femmes des autres professions de santé libérales. Et l’injustice passe très mal.
En octroyant une aide financière complémentaire aux femmes médecins interrompant leur activité pour cause de maternité, le gouvernement a fait des heureuses. Mais il a aussi fait deux poids, deux mesures. Car les femmes issues des autres professions de santé libérales (kinés, sages-femmes, infirmières...) ont été exclues du dispositif.
Le 8 février 2017, les Syndicats Médicaux et l’Assurance Maladie ont signé un avenant conventionnel assurant aux médecins libérales conventionnées de bénéficier, en congé maternité, d'une aide forfaitaire allant de 2.066 à 3.100 euros mensuels, pendant trois mois maximum, pour faire face aux charges de gestion de leur cabinet. Cette aide s'ajoute à l'allocation forfaitaire qu’elles reçoivent déjà en cas de maternité et qui s'élève à 3.269 euros. Ne pas recevoir le même traitement "consternent " les kinés, infirmières et autres femmes soignantes exerçant des professions libérales.
"Pas de possibilité de se dégager des revenus"
Dans une pétition adressée notamment à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et à la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, elles exigent l'"égalité de l'aide financière pour toutes les femmes libérales en congé maternité". "C'est avec une grande consternation que nous, femmes kinés et autres professions paramédicales, avons été informées" que la mesure "ne concerne QUE les femmes médecins libérales et que toutes les femmes représentant le milieu libéral paramédical (en) ont été exclues". Les auteurs de la pétition y exposent les conditions financières de leurs congés maternité. "En tant que kiné, nous recevons une indemnité journalière d'environ 50 euros par jour ainsi qu'une allocation forfaitaire de repos maternelle d'environ 3.200 euros". Des aides qui "ne comblent malheureusement pas [leurs] charges mensuelles de cabinet, l'impôt sur le revenu, les cotisations mensuelles à l'URSSAF, la CARPIMKO (caisse de retraite des professions libérales médicales, NDLR), ainsi que [leurs] frais personnels", expliquent les auteurs de la pétition.
Une "injustice délibérée"
Du côté des infirmières libérales, les chiffres sont peu ou prou les mêmes. "Pour elles, le congé maternité est aussi une période de fortes tensions financières et personnelles ", assure Philippe Tisserand, président de la Fédération Nationale des Infirmiers libéraux (FNI). "Qu’est-ce qui justifie de réserver ces aides aux seules femmes médecins ?", s’interroge-t-il. "La FNI n’a eu de cesse de dénoncer cette injustice délibérée commise envers les autres professions de santé et qui plus est des professions très féminisées comme le sont les infirmières libérales, lesquelles de surcroît s’installent en libéral plus tôt que les médecins", écrit la fédération dans un communiqué daté du 19 février.
La FNI a pris plusieurs initiatives "afin de faire bouger les lignes et d’imposer définitivement la reconnaissance des infirmières et au-delà de toutes les paramédicales dans la prise en charge de leurs congés maternité", notamment en saisissant la Ministre de la Santé afin que l’avantage maternité soit inscrit à l’ordre du jour des négociations en cours de l’accord cadre interprofessionnel. "Nous sommes déterminés à obtenir l’égalité pour toutes les professions de santé libérales en matière de congé maternité, parce que c’est légitime et dans l’ordre naturel de l’évolution de notre société. Il faut en finir avec ce raisonnement médico-centré. Il y a en France, en dehors de médecins, 220 000 personnes qui exercent des professions de santé libérales", rappelle Philippe Tisserand.