Les infirmières, les grandes oubliées du plan santé ?
Les infirmières et infirmiers libéraux dénoncent la réforme annoncée hier par Emmanuel Macron qui, selon eux, ne bénéficiera qu’aux médecins.
Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux réagit aux mesures du plan santé annoncé mardi par Emmanuel Macron.
- Quel est votre sentiment sur le plan santé ?
Catherine Kirnidis : "On a l’impression de n’avoir aucun rôle du tout dans cette nouvelle organisation des soins ! Dans le plan présenté hier par le président de la République, on a beaucoup parlé des médecins… aucune de nos propositions n’a été retenue. Pourtant, nous sommes au chevet de nos patients tous les jours. La population vieillit, le nombre de malades chroniques augmente et nous sommes les derniers professionnels de santé à nous rendre régulièrement au domicile de ces patients avec une particularité : nous avons une obligation de continuité des soins. Il y en a assez de nous voir comme des auxiliaires, comme des paramédicaux. Nous ne sommes pas des assistants, nous sommes des professionnels de santé à part entière avec des compétences propres."
- Que pensez vous de la création des assistants médicaux pour seconder les médecins libéraux ?
Catherine Kirnidis : "C’est une fausse bonne idée. On peut entendre que les médecins aient besoin d’être déchargés de toute une somme de tâches administratives qui ne cessent de s’accroître. Mais est-ce que pour gagner du temps médical, c’est une assistante médicale qu’il leur fallait ? Alors que nous les infirmiers, nous avons tout à fait la possibilité de répondre à la demande de certains de nos patients, ce qui aurait permis de soulager les médecins. On est obligés parfois d’aller pleurer chez les médecins pour avoir des prescriptions pour nos patients parce qu’on ne peut pas les faire. Il faut donner aux infirmières libérales toute la place qui est la leur dans le suivi des pathologies chroniques."
- Vous avez décidé de lancer une campagne de « désobéissance » invitant notamment les infirmières à facturer les actes de vaccination contre la grippe. Pourquoi ?
Catherine Kirnidis : "C’est pour montrer que nous faisons beaucoup de choses sans que ce soit visible. Depuis deux ans, les pharmaciens ont le droit de pratiquer la vaccination contre la grippe dans certaines régions, à titre expérimental. Nous les infirmières, cela fait plusieurs années que l’on vaccine mais nous n’avons pas eu tout ce battage médiatique et cette publicité sur cette compétence nouvelle. Les résultats de l’expérimentation avec les pharmaciens ne sont pas bons. Il n’y a pas eu plus de vaccinations dans ces régions expérimentales car les pharmaciens ont vacciné la même population que celle que nous infirmières vaccinions auparavant. Sauf que nous, nous le faisions gratuitement, sans le facturer à l’Assurance maladie. Alors nous avons décidé de facturer cet acte en plus pour montrer notre mécontentement."