Quels sont les vrais dangers pour notre santé ?

La rumeur et l'information sont deux choses bien différentes et, en matière de santé, il est important de pouvoir faire la part des choses au plan individuel autant qu'à l'échelle d'un pays. Didier Raoult est microbiologiste et dirige à Marseille un centre consacré aux maladies infectieuses et tropicales émergentes, l'IHU Méditerranée Infection. Il publie un livre, "Votre santé - Tous les mensonges qu'on vous raconte et comment la science vous aide à y voir clair" aux éditions Michel Lafon, dans lequel il va à l'encontre d'un certain nombre d'idées reçues. 

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Le Pr Didier Raoult, microbiologiste, était l'invité du Magazine de la santé, le 1er mai 2015.
Le Pr Didier Raoult, microbiologiste, était l'invité du Magazine de la santé, le 1er mai 2015.

"Mon idée, c’était de hiérarchiser les choses", explique Didier Raoult sur le plateau du Magazine de la santé. "Je trouve que notre société manque de calme. C’est naturel, les journalistes alertent, au début, mais au bout d’un moment il faut faire retomber la pression, et je trouve que cet échelon là manque."

Selon ce chercheur en microbiologie et spécialiste des maladies tropicales émergentes à la faculté de Marseille, "la population finit par douter de ce que [racontent les scientifiques], parce qu’on l’a menacée dix fois d’extermination dans les dix dernières années avec dix microbes différents… "

Selon lui, il convient de mieux dire au grand public "ce dont on meurt, ce dont on ne meurt pas, quels sont les risques" : "plutôt que de faire des cauchemars avec le coronavirus, le SRAS ou la grippe aviaire, essayez de ne pas trop manger de sel […] et cessez de fumer".

Didier Raoult rappelle que les maladies les plus médiatisées ne sont pas celles qui font le plus de victimes. "Il est important de consacrer de l’argent à des risques qui existent plutôt qu’à des risques qui pourraient exister", affirme-t-il. "Il y a 10 à 15.000 morts d’infections nosocomiales dans les hôpitaux par an. C’est la septième cause de décès dans les pays développés. […] Il y a des choses sur lesquelles on pourrait investir !"

Pour lui, les prédictions épidémiologiques sont des "fantasmes"

L'intention du médecin semble pourtant plus polémique. Dans son ouvrage, il dénonce des "mensonges" colportés dans une société où "l’incertitude" est insupportable.

Ainsi, l’auteur déclare "[ne pas croire] aux prévisions", ni aux modèles développés par les épidémiologistes. "C’est un fantasme complet !", affirme-t-il à l’antenne, balayant d’un revers de la main tout un pan des mathématiques appliquées à la médecine. "Une prévision, c’est faire une extrapolation à partir de choses qui se sont déjà passées. Dans un monde qui est en mutation permanente, dans un écosystème qui varie tout le temps, spéculer que ce qui va se passer est une dérivée de ce qui [est survenu] dans le passé est quelque chose qui est déraisonnable !"

Concernant les dangers propres à la résurgence de souches grippales particulièrement virulentes, Didier Raoult est encore plus catégorique : "ce n’est pas que je n’y crois pas, je sais que ce n’est pas vrai !" Il se justifie : "On a fait des autopsies sur des personnes mortes de la grippe espagnole […] et 95% des gens qui sont morts sont morts de surinfection bactérienne. […] Cela n’arrivera plus, parce qu’on a des antibiotiques."

L’impasse thérapeutique concernant la difficulté à trouver des nouveaux antibiotiques, et la multiplication de bactéries résistantes - sujet des plus grandes inquiétudes à l’Organisation mondiale de la santé - ne le préoccupent pas outre mesure. "C’est entièrement faux !", assène-t-il. Pour lui, d’anciens antibiotiques abandonnés par l’industrie parce qu’ils ne sont plus brevetés pourraient très bien faire l’affaire. "Les anti-lépreux sont très efficaces contre les tuberculoses multi-résistantes !"

Livre :

  • Votre santé
    Tous les mensonges qu'on vous raconte et comment la science vous aide à y voir clair

    Didier Raoult
    Ed. Michel Lafon, avril 2015