Quelles étapes précèdent les essais cliniques sur l'homme ?
Quelles sont les étapes qui précèdent les essais cliniques sur l'homme ?
Les réponses avec le Pr Alain Astier, chef de pharmacie, et avec le Pr Karim Fizazi, chef du département de médecine oncologique à l'institut Gustave Roussy :
"Il existe des règles de calculs où on détermine une dose maximum tolérée chez l'animal. Et on multiplie par des facteurs correctifs en terme de poids, et ensuite on redivise pour avoir une marge de sécurité. Il y a des sortes de règles qui permettent de faire des transpositions entre les doses maximum tolérées chez une espèce animale et chez l'homme. Mais c'est toujours un enjeu relativement complexe.
"Pour les essais de phase I, en général, puisqu'il s'agit de faire de la pharmacocinétique, c'est-à-dire de déterminer la distribution, l'absorption, l'élimination du médicament, on va plutôt utiliser des doses relativement faibles puisque cela est suffisant pour déterminer le profil. Et on augmente les doses pour voir par exemple si cette absorption est proportionnelle à la dose… Mais on ne va jamais très loin, on ne va pas monter à des doses maximum toxiques. Ce n'est qu'après, éventuellement, qu'on peut avoir des idées."
"Il faut bien séparer deux types d'expérimentations avant l'homme. Il y a les expérimentations qui portent sur la tolérance du médicament et éventuellement sur l'efficacité anti-cancéreuse. Et pour l'efficacité anti-cancéreuse, on peut faire une évaluation sur des cellules humaines cancéreuses donc directement issues de nous-mêmes, du patient, en laboratoire ou encore sur des animaux porteurs de cancer, soit porteurs de cancer naturel (cancer naturel de la souris, du singe…), soit des cancers humains portés par des animaux et qui permettent réellement de savoir vis-à-vis d'un cancer humain quelle est l'efficacité ou l'absence d'efficacité d'un médicament.
"Il faut séparer ces expérimentations de l'évaluation d'un médicament en termes d'effets secondaires sur l'animal. Pour ces expérimentations, les animaux ne sont pas porteurs de cancer, ce sont des animaux pour lesquels on va vérifier que le médicament est bien toléré. Le jour où l'on passe chez l'homme, on va systématiquement avoir une dose qui va être très inférieure à l'équivalent animal pour être dans une situation de sécurité (habituellement un dixième de la dose qui serait utilisée chez l'animal), quitte à être sous dosé chez l'homme, mais pour éviter au maximum les effets secondaires."